(26) DrômeJazz sur le grillLux

01/03/2022 – Sylvain Rifflet « Perpetual motion, hommage à Moondog » au Lux de Valence

Quelle belle entame du festival drômois Jazz sur le Grill avec le groupe de Sylvain Rifflet au Lux Scène nationale de Valence ce mardi 1er mars.

Surpris dès l’entrée en scène des musiciens munis de téléphones portables diffusant quelques notes répétitives parmi les spectateurs, nous voilà entraînés dans ce Perpetual Motion, mouvement perpétuel, spectacle multimédia crée en en 2013 à Banlieues Bleues.

La dramaturgie du spectacle-concert est construite pas à pas par le choix des morceaux s’approchant au plus près de de l’homme et de la diversité de son œuvre.

Les morceaux interprétés par le sextet s’inscrivent dans la mise en scène d’Anne Marion Gallois et la création vidéo de Maxence Rifflet, le frère de Sylvain.

La mise en perspective des images et de la musique avec la scène se met en place avec 2 West (deux saxophonistes jouant dans les rues à New York) puis en quartet avec les musiciens et nous voilà plongés au Moondog corner à New York, là où officiait Louis Thomas Hardin, le vrai nom de cet incroyable compositeur, mendiant, aveugle, luthier, symphoniste et poète ayant composé un millier de pièces puisant dans la musique de la Renaissance ou chez les Indiens avec lesquels il a vécu.

On est séduit par l’audace du répertoire proposé par Sylvain Rifflet qui en fan de Moondog, transgresse allègrement les genres et les chapelles des musiques savantes et populaires.

Heat on the heather nous immerge complètement dans l’univers du Viking puis Oasis et la guitare de Philippe Gordiani sonnant très rock à l’image de l’énergie que dégage ce groupe sur scène.

La suite est un véritable « remue-méninges » installé par les deux saxophones, l’alto d’Antonin-Tri Hoang et le ténor de Sylvain Rifflet appuyés par les flamboyantes percussions de Benjamin Flament et son incroyable installation de métaux traités.

Elf dance est une mélodie jouée par Sylvain sur une boite à musique que souligne la délicate flûte traversière de Sylvaine Hélary, épatante. Le duo flûte et piano se savoure avec Rembrandt Frerichs au clavier sur Santa Fé puis Black Hole, joué avec une touche de synthé.

Mais la performance arrive avec From the jazz book numéro 2 et les deux solos éblouissant des saxophonistes en respiration circulaire, consistant à faire une réserve d’air dans la bouche pour continuer le bourdon pendant l’inspiration.

Bird’s Lament, « le morceau que tout le monde a entendu avant de venir à ce concert » est cet hommage rendu à Charlie Parker, lui-même grand admirateur de Moondog (mais aussi Dizzy, Mingus et le Duke … et tous les autres).

Sylvain Rifflet revient finalement pour un rappel accompagné d’un bracelet à pieds de grelots pour un solo au sax ténor tout en puissance et généreusement offert à son public valentinois ravi et comme un dernier clin d’œil au clochard céleste.

Surveillez le riche programme de Jazz sur le Grill et retrouvez Sylvain Rifflet à Crest le 10 mars avec Moondog in Africa et surtout, poursuivez la découverte de cet immense artiste *.

*Moondog, Amaury Cornut, Edition le mot et le reste 2014

Ont collaboré à cette chronique :