Ce quintet est né d’une rencontre entre le vibraphoniste David Patrois et le percussionniste Pierre Marcault; avec le regretté contrebassiste Jean-Jacques Avenel et jusqu’à la disparition de celui-ci ils ont formé “Another Trio”.
Les prémisses du quintet que nous entendons ce soir y étaient déjà présents; l’esprit d’ouverture, l’écoute et une bonne dose de bravoure aventureuse; toutes qualités que l’on retrouve dans ce quintet à fortes individualités, qui se rejoignent dans un commun refus de la facilité quand elle devient racoleuse et de l’autocensure: autant dire que le quintet produit une musique dite sans concession, faute de terme plus positif. C’est une musique riche et dense où les idées fusent et s’expriment jusqu’au bout, les explorations rythmiques harmoniques et tonales peuvent parfois surprendre voire dérouter, mais n’est-ce pas ce que l’on recherche dans le jazz d’être étonné, interrogé et même déconcerté par la musique et par les musiciens quand ils inventent de nouvelles formes et dynamisé quand le sens se fait jour.
Les musiciens sont à la hauteur de l’enjeu, Géraud Portal à la contrebasse a un côté mingusien dans son mode d’intervention, une façon créative d’ouvrir des chemins possibles pour ses partenaires joint à un sens mélodique captivant. Le thème du Printemps des Poètes, qui vient de commencer, c’est L’Ardeur et Philippe Gleizes l’illustre bien par son énergie inventive et sa poésie polyrythmique. La poésie on la retrouve dans les jeux tellement imbriqués de David Patrois et de Pierre Marcault qu’il est difficile d’en parler séparément. Le vibraphoniste tient de son maître Gary Burton cette ouverture et cette indépendance d’esprit qui sont sa marque et qui transsude de ses compositions, que Pierre Marcault teinte de couleurs vives. Le choix des musiciens du quintet relève bien de cet état d’esprit. Le saxophoniste Boris Blanchet seul à jouer d’un instrument purement mélodique ne s’embarrasse pas de cette solitude, au contraire, il s’appuie sur cette formidable rythmique, pour reprendre des explorations sonores dont on croyait avoir perdu l’usage, avec un art consommé de la transgression.
Pour mémoire, le projet se nomme “Wild Poetry”, et ce soir la poésie était réellement sauvage, mais ô combien passionnante, enthousiasmante, assurément exaltante.