La semaine des quartets menés par un saxophoniste/clarinettiste débute en beauté dans le cadre accueillant de l’AmphiOpéra ce mercredi avec celui de Louis Sclavis. Il est accompagné par Sarah Murcia à la contrebasse, Benjamin Moussay au piano et c’est Christophe Lavergne qui alterne baguettes et mailloches à la batterie.
En 2002 Louis Sclavis s’était inspiré des œuvres picturales d’Ernest Pignon Ernest avec son album “Napoli’s walls”. Il récidive avec une nouvelle illustration sonore d’œuvres plus récentes d’Ernest Pignon Ernest sur le projet “Characters on the wall” et va nous mener du port de Brest à la prison St Paul en passant par Matera et Ramallah. Benjamin a composé Shadows on Wine d’après un célèbre pochoir d’une photo après la bombe d’Hiroshima. On saluera l’engagement de ces artistes trop rare de nos jours. Intro au sax pour Brest Genet, deux hommes contre un mur en supportant un troisième devant le port. Louis alterne les rythmes lents et plus soutenus entre sax et clarinette puis Benjamin nous offrira un beau solo de piano. Puis c’est Darwich dans la ville, le portrait de Darwich exposé à Ramallah et la ferveur qu’il suscite. Début en douceur par un duo piano-clarinette puis le piano léger égrène ses notes en commençant soft avant de s’intensifier.
La dame de Martigues, méditerranéenne assise sur une chaise donne une impression de temps immuable et se balade sur un rythme nonchalant sur divers lieux de la ville. Cela aurait été sympa d’avoir une projection des œuvres même si la musique nous emporte sur le piano cool avec une douce brise marine. Pour Shadows on wine le rythme est suspendu, presque arrêté entre piano et clarinette puis la contrebasse imprime un tempo qui s’accélère bien épaulée par la batterie. Pasolini à Matera “l’heure PASOLINI” qui porte son corps. Déambulation funèbre lente et rythmée par la caresse des balais sur la batterie.Ils nous offrent une belle succession de soli et duos et nous emmènent dans de belles ballades musicales.
Pour le rappel ce sont des portraits de corps nus exposés dans des intérieurs ou des églises. Le sax semble d’abord émettre un râle puis la contrebasse entraîne le quartet .Les corps nus ondulent sensuellement se balançant au rythme des balais patinant sur la caisse et le piano qui improvise de belles fantaisies.Un beau voyage.