La grande salle de l’Opéra de Lyon accueille ce soir des musiciens de la grande famille du jazz et de la “musique du monde”.
A l’instigation du percussionniste d’origine persane Keyvan Chemirani, ce projet The Rythm Alchimy a été monté, le disque vient juste d’être enregistré et le groupe est ce soir sur scène.
De rythme il en sera question avec plusieurs écoles de percussions. D’Inde avec les tablas et kanjira de Prabhu Edouard, d’Occident avec la batterie de Stéphane Galland, de Perse avec les différents “tambours” du maître Djamchid Chemirani (le père), du frère Bijan Chemirani et de Keyvan des zarbs, des dafs sans oublier un rare santour (sorte de cithare à plat, instrument persan ancien, voir ici). A côté du trio de base sont invités deux joueurs de cordes frottées, le grec Sokratis Sinopoulos, présenté comme le maître de la lira crétoise (que les amateurs de Renaud Garcia-Fons reconnaitront comme une sorte de kemence utilisé par Derya Tyran dans l’album “Silk moon”) et l’incontournable violoncelliste Vincent Segal à l’aise dans tous les styles et particulièrement dans des projets “world”. Bijan Chemirani utilisera à plusieurs reprises son saz (luth iranien). Pour que le tableau soit complet il faut mentionner la présence du clarinettiste basse et beat-boxeur Julien Stella. Ça fait du monde sur scène et d’origines bien différentes.
Les experts connaissent les bases de l’alchimie mais il est ici question d’alchimie musicale et c’est rare. A jardin les tablas de Prabhu Edouard se lancent dans un dialogue échevelé avec la batterie de Stéphane Galland. Ces instruments que l’on croyait rangés dans des cases différentes s’écoutent, se répondent, se lancent des défis. La crispation initiale du batteur devient sourire rayonnant, incandescent (l’œuvre au rouge ?), Keyvan écoute et se régale, nous avec. La magie s’installe. Et les instruments vont se combiner d’une manière improbable. Les notes de lira couvriront le bourdon du violoncelle, Jeff Stella beat boxe. Arrive un sublime trio de tablas, batterie et tombak. C’est très écrit mais l’improvisation reprend le dessus et les musiciens se cherchent et se trouvent, ça se voit et ça s’entend, la magie du concert en live.
Et puis le petit bonhomme avec sa grosse moustache assis discrètement près de son zarb, Djamchid Chemirani, se fait entendre. Il lit des textes en persan. On ne comprend rien mais la scansion est déjà musique.
Pour l’anecdote nous avons eu droit à un drôle de duo entre Jeff Stella au beat-box et Vincent Segal avec ses bolas.
Etonnant projet que ce “Rythm alchimy” qui rassemble et embarque. Le public très nombreux a aimé.