Celui qui transporte des œufs ne se bagarre pas
Voilà un titre de concert qui interpelle !
Roberto Negro (pianiste) et ses compères Valentin Ceccaldi (violoncelliste) Marcel Balboné (percussionniste) et Bart Maris (trompettiste) ont conçu ce spectacle musical autour de la ville de Kinshasa, ville dans laquelle Roberto a passé les quatorze premières années de sa vie.
Voyage surprenant. Tout d’abord la scène : des instruments à profusion et une étonnante installation de vieilles bandes magnétiques fixées à leur lecteur mais suspendues à des tiges composant ainsi un arbre étrange.
C’est dans le silence que tout commence. Un masque arrive du fond de la salle, joue avec les bandes magnétiques desquelles une voix s’élève : « Pourquoi le lion n’est plus le roi des animaux » selon une nouvelle de In Koli Jean Bofane. Les bruits de la ville montent, Marcel Balboné fait claquer la batterie, le piano s’excite, le ton monte irrépressiblement.
Pour reproduire l’incandescence de cette ville énorme où l’agitation, la musique, le bruit (et peut être la fureur!) semblent être sa nature même, ces musiciens dynamiques et inventifs ont construit avec génie des musiques à cette image. S’y mêlent les textes magnifiques de Gaston Miron (Demain l’histoire in l’homme rapaillé) de Fiston Mwanza Mujila (Tram 83 et Te voir dressé sur tes deux pattes ne fait que mettre de l’huile sur le feu) de Pier Paolo Pasolini (lettere luterane). S’y mêlent aussi des images: un match de catch notamment, où les catcheurs se font attendre créant dans la foule une agitation assez théâtrale !
Bart Maris à la trompette puissante, Valentin Ceccaldi au violoncelle dynamique, Marcel Balboné à la batterie déchaînée, Roberto Negro au piano préparé inventif, nous ont fait voyager dans cette ville africaine si contrastée, un pied dans les traditions du passé, un autre dans les travers d’aujourd’hui.
Bravo et merci à ces jeunes musiciens.
Mais je n’ai toujours pas résolu l’énigme du titre de ce concert !