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28/04/2018 – Susanne Abbuehl “Princess” à l’AmphiOpéra

Le monde selon Susanne Abbuehl n’est que douceur, légèreté et volupté !
Pour son troisième jour de résidence à l’Amphi Suzanne Abbuehl nous propose de visiter son dernier album paru en 2017 : “Princess”.

Dans le monde d’Abbuehl la voix n’est que chuchotement, douce mélopée et scat susurré ; le public de l’AmphiOpéra en est resté coi ! Comme la qualité des silences a un rôle central dans l’atmosphère que pose l’artiste, ici associée à une sonorisation exceptionnelle, les conditions d’écoute sont ce soir  irréprochables.

Dans le monde d’Abbuehl  le batteur ne frappe pas les peaux, il les caresse, les effleure  et parfois même il se contente de les frôler. Øyvind Hegg-Lunde, d’origine norvégienne, plus percussionniste que batteur nous a bluffés dans cette approche singulière de son rôle. Point de baguette classiques, seuls des balais voire des mailloches avec beaucoup de feutre dessus ont droit de cité ici. Des sources de sons différenciés sont multiples :  des clochettes et autres petites soucoupes de métal ; un vrai festival de douces percussions.
Nous avons même eu droit à un solo de batterie uniquement avec des balais : rarissime !
 
Pour l’album “Princess” Suzanne Abbuhel reprend à son compte des compositions de Jimmy Giuffre, Don Cherry, Keith Jarrett et Stephan Oliva superbe pianiste complétant le trio du soir.
Un pianiste délicat qui évite les excès de virtuosité, jouant avec précision les notes absolument indispensables. “La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter, mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer.” Antoine de Saint Exupery
 
Parmi les perles que nous ont offert le trio, j’ai retenu la belle reprise de Keith Jarrett  Great Bird, une version infiniment mélancolique de What a Wonderful World la plus triste qu’il m’a été donné d’entendre à ce jour, et un échange batterie/voix délicieux sur Mosquito Dance de Don Cherry.
 
Au premier rappel  une gourmandise qu’est Ida Lupino du premier album “April”  qu’elle avait déjà chanté ici même il y a une dizaine d’années.   
 
Suzanne Abbuehl est une grande dans le monde réel du jazz, elle est sur un chemin de crête loin des hurleuses ou des minaudeuses et des standards rabâchés, elle fait son chemin en toute sincérité et singularité.
Alors ne la ratez pas !

Ont collaboré à cette chronique :

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