Si l’on devait ne retenir qu’une chose du concert de Dhafer Youssef, ce serait une couleur (que je déteste personnellement d’ordinaire, mais qui a pris une autre dimension ce soir) : le rose.
Le rose du ciel derrière la scène. Le soleil se couche sur Vienne, prête à vivre cette nuit d’émotion(s). La lumière se détache encore derrière les collines, le théâtre est plein de coussins et de sacs de couchage en prévision de la suite. Plein de gens émus et/ou prêts à l’être. Rose le soir, pluie en retard. Et quel soir.. ! La dernière soirée de l’édition 2018 de Jazz à Vienne ; la plus longue, la plus belle sans doute.
Le rose des lumières sur la scène également (merci aux équipes techniques qui ont prévu ce plan de feux !). Pas n’importe quel rose : un rose confiant, annonciateur d’une belle nuit et de beaux souvenirs. Un rose aussi confiant que le sourire de l’artiste. Parce qu’en plus de la musique (et de ses volutes envoûtantes), il y a des sourires. Au-delà des origines, tout le monde comprend les sourires. Et tout le monde les a entendus ce soir. Un tas de sourires bienveillants. Celui de Dhafer Youssef surtout, inépuisable. Sous son chapeau, entre le chant et l’oud, il sourit. Sans cesse.. ! Au public (qui le lui rend bien en souriant tranquillement à son tour), à ses musiciens, au ciel rose, et aux lumières. La voix se veut tantôt grave, tantôt cristalline. Techniquement vertigineuse. Presque religieuse. Elle monte, monte… Et le public est suspendu, souriant toujours, immergé dans l’expérience de la Hauteur. Hauteur de l’évènement, hauteur de la voix, hauteur du ciel… ? Humblement, je dirais que je ne sais pas.
Et le rose des fusées qui éclatent un peu plus loin… Entre les notes, un feu d’artifices muet accompagne l’expérience (veille de 14 juillet oblige..). D’aucuns diront qu’il était tiré de trop loin pour qu’on l’entende…(on trouve toujours des raisons pour ne pas entendre le superflu).
Moi je pense que ce feu d’artifices se taisait pour nous laisser entendre la Musique. Une musique du vivre-ensemble. Une musique de l’harmonie. Une musique d’Ailleurs.
Avec un chapeau d’Hier.
Et un sourire de Demain… !
(Et bien quoi ? Y’a pas de honte à être romantique.. !)
Dhafer Youssef: oud, voix ; Aaron Parks: piano ; Matt Brewer: contrebasse ; Justin Faulkner: batterie