Ivres, ils reprennent un sample de Pitbull et en font un tube.
Il est tard (tôt.. ?), les gradins se sont colorés de dizaines de tâches un peu disparates : sacs de couchage, couvertures, matelas, polaires des 90’s, du violet au turquoise en passant par les motifs écossais et le plaid Ikéa. Le sommeil a eu raison de la foi de plus d’un… Et la bière du foie des autres. Seuls les passionnés persistent à applaudir et à dodeliner un peu, en attendant la suite. En attendant le dernier groupe.
Et quel dernier groupe….. ! Moon Hooch. Inconnu au bataillon pour beaucoup d’entre nous. Jusqu’à ce soir. Car aucun doute : personne n’oubliera…
La musique démarre fort. Violente, brutale, surprenante.
Ces trois extra-terrestres n’ont peur de rien. Car ceux qui se sont fait bannir du métro New-Yorkais ne craignent probablement pas une descente de police pour tapage nocturne, ni le pari fou de transformer un festival de jazz en Hellfest aux allures de free party.
Plantée au milieu de cette scène qui parait trop grande : deux saxophonistes, un batteur… et une horde de décibels.
Il est tôt (tard.. ?) mais c’est tellement excitant.. ! Les duvets s’agitent sur les pierres. Les papillons sortent de leur chrysalide pour danser devant la scène comme devant une flamme. Hypnotique. Les sourires marquent les visages et effacent les cernes. Les gens se parlent, se regardent, dansent sans se connaître. Les sourires sont unanimes : on est heureux d’être là. Les corps fébriles retrouvent leur élan. Les yeux brillent dans les lueurs de l’aube.
Moon Hooch mène la transe, infatigables, ils embarquent les survivants de cette nuit magique à la conquête d’un espace et d’un temps différent. Ils osent tout ; ils ont le bénéfice et l’audace de leur jeunesse pour se sentir protégés par l’ambiguïté du moment. Ni jour/mi nuit, ils s’engouffrent dans la faille. On oublie que, tôt… ou tard, il faudra bien rentrer chez soi et les derniers survivants de ce marathon musical s’oublient à 120bpm, pris dans la danse de ces drôles de cuivres qui s’emballent au rythme des beat énervés d’une batterie que l’on martèle avec fougue.
A peine le temps d’apprécier, que déjà, la rumeur se répand : « Regardez… il fait jour .. ! ».