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09/12/2018 – Julian Costello Quartet pour GagaJazz au Fil

Peu connu encore sous nos climats, le londonien Julian Costello est un musicien anglais, saxophoniste (ténor et soprano), compositeur et enseignant. Il ne demande qu’à s’ouvrir au reste du monde et à l’Europe en particulier, on commence à le voir en France, en Allemagne et en Italie où il a enregistré l’album “Transitions” dont la musique fera l’objet d’un long premier set. Le second sera plus anecdotique avec un standard et une pincée de titres qu’il fait parfois sur scène avec ce quartet ou avec son trio Vertigo.

Admirateur de Jimi Hendricks dans sa jeunesse, Julian Costello est un fervent de John Coltrane et ce jazzman anglais ne dédaigne pas  les influences des musiques du monde. Pour réaliser son projet, il a réuni un groupe où l’on trouve à la contrebasse le russe Yuri Goloubev : ce musicien que l’on a pu voir, dans une autre vie, musicien classique auprès de Rostropovitch, Richter et Gidon Kremer, a un beau jour basculé définitivement dans le jazz ; sa diversité culturelle, le soyeux du son de sa contrebasse, l’indépendance de chaque note, le sublime de ses chorus offrent une profondeur pleine de sérénité aux compositions de Julian Costello.

Le guitariste polonais Maciek Pysz a joué ce soir exclusivement  sur une guitare (Godin) à corde nylon, ce qui lui autorise une variété de tonalités importantes, au gré des titres, de son inspiration et des sollicitations de ses partenaires ; il produit une musique de jazz très actuelle, où s’entendent parfois des échos hispanisants et des traces de musiques d’Europe centrale ou orientale.

Le jeu et les compositions du leader sont une espèce de jazz post bop (dans la mesure ou il n’hésite pas à brasser les styles parfois dans le même morceau) et européen.

Une européanité revendiquée mais tempérée cependant par le jeu du batteur canadien Adam Teixeira ; un jeu très elvinien notamment dans l’utilisation des cymbales et la superposition des rythmes.

Julian Costello est un musicien britannique chez qui on perçoit bien les influences jazz-rock et fusion, son jeu se marie bien avec celui de Maciek Pysz, l’autre soliste du groupe, leurs interventions respectives, lorsque l’un enchaîne son chorus avant la fin de celui de l’autre, en tuilage, donne du nerf à l’ensemble, surtout lors du premier set où la douzaine de thèmes du projet Transitions sont présentés sans interruption.

Dans le sens de l’écriture nous dira Julian Costello après le concert. Transitions est censé évoquer la vie qui va et se transforme, on trouve exprimés dans la musique du groupe toute la gamme des sentiments : la naïveté et la gaieté de l’enfance, l’inquiétude adolescente, la nostalgie. Mais ce qui prédomine dans cette musique, c’est la joie, joie de jouer ensemble, joie interactive du contact avec le public, joie toute simple d’entendre et de jouer cette musique vivante ou l’humour du compositeur irrigue le jeu des interprètes.

Ont collaboré à cette chronique :

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