chronique de CD

08/02/2019 – Michel Fernandez Quartet – Mélange de Rages

MICHEL FERNANDEZ  – Mélange De Rages (2019)

De  façon quasi rituelle, le saxophoniste lyonnais Michel Fernandez nous gratifie tous les deux ans d’un nouvel album…2013, 2015, 2017 avec le remarqué “Brazza Cry” et maintenant 2019 “Mélange de Rages” qui va  surprendre les habitués car il constitue une nouvelle évolution vers un jazz plus affirmé, plus construit et même plus esthétique sans pour autant céder à la facilité. Il faut dire  que son quartet regroupe maintenant Benoît Thévenot (piano), François Gallix (contrebasse) et Nicolas Serret (batterie) soit trois musiciens totalement soudés à travers leur solide expérience commune dans le trio Magnetic Orchestra. Ici sur “Mélanges de rages”, il s’agit bien d’un album en quartet, le Michel Fernandez Quartet ou certes si le saxophoniste apporte la plupart des compositions c’est tous les musiciens qui participent pleinement au processus créatif.

 Dès le morceau d’ouverture de l’album Duende, la cohésion de la formation est mise en évidence ; si le soprano sonne haut et clair le piano bien appuyé par la rythmique prend toute sa place. Sur le deuxième thème, Chaudière, qui avoisine avec les dix minutes, chaque instrument a son droit d’expression à commencer par la contrebasse de François Gallix à travers le fabuleux gimmick d’ouverture qui revient régulièrement  dans le morceau alors que le ténor “choruse” amplement avant de faire place nette au piano enflammé de Benoît Thévenot et à un superbe final au  grand complet. Le sax de Michel Fernandez introduit seul High Life et très vite lui qu’on croyait inconditionnel de John Coltrane et de Pharoah Sanders on le surprend à sonner comme un calypso de Sonny Rollins sous le regard complice de ses accompagnateurs ; une surprise vraiment très réussie de cet album.

Vasvirag apparait comme une courte digression free avant la reprise de Brumes un thème déjà enregistré par Michel Fernandez mais qui prend ici une dimension de ballade apaisée et romantique au fil de la contrebasse de François Gallix et des notes légères de piano de Benoît Thévenot. Avec Hypnotango on a le choix entre du tango free coté sax ou du tango hypnotique coté piano, à moins que ce ne soit l’inverse… dans tous les cas les contrastes sont réussis. C’est la batterie de Nicolas Serret qui introduit Ishmael (une composition d’Abdullah Ibrahim a.k.a. Dollar Brand) pour un autre long morceau de bravoure qui laisse de la place à l’expression de chaque musicien et aux cheminements subtils de profondes émotions. Sur Monk in Africa, la fusion réussie du piano “monkien” de Benoît Thévenot avec les influences africaines de Michel Fernandez apparaissent comme une évidence réjouissante conduisant tout droit aux cheminements sinueux mais somme toute serein de El Camino et son sax capiteux.

Au final un grand cru 2019 pour le Michel Fernandez Quartet  que ce Mélange de Rages (Dreamophone Socadisc 2019). Les lyonnais pourront les retrouver en live le 1er mars au Bémol 5 pour la sortie officielle de l’album.

Ont collaboré à cette chronique :