“On vient de passer le second siècle du jazz, il est temps de réévaluer notre comportement à l’égard de nombreuses choses.”
Christian Scott se veut militant, il l’exprime au travers de The Centennial Trilogy mais il se veut aussi et surtout un musicien de jazz d’aujourd’hui, à cheval sur plusieurs cultures et héritages. Sa musique est l’expression de sa volonté de renouveau avec quand même un regard dans le rétroviseur.
Un concert de Scott n’est pas dépaysant, c’est juste frais et parfaitement ajusté.
Il est accompagné d’une bande de tueurs tous excellents sur leurs instruments, alors il leur laisse du champ et c’est tant mieux pour notre plaisir.
Lawrence Fields prend quelques chorus somptueux au Fender Rhodes, Christian Scott ne tarit pas d’éloge à son égard. Logan Richardson est souvent en soutien avec son alto, en duo avec le boss mais a droit à son tour à quelques moments inspirés.
Aux baguettes Corey Fonville est redoutable d’efficacité et d’agilité, navigant dans des tempi compliqués et versatiles avec une aisance désarmante. Christian Scott nous raconte qu’à quatorze ans il l’a abordé en le suppliant d’entrer dans le groupe. Pas facile d’embarquer un mineur à notre époque. Alors tous les jours il a appelé Scott pendant cinq ans pour finalement prendre sa place derrière les fûts.
Le contrebassiste, Max Mucha, envoie du pâté sans forcer, ce Polonais à plus que gagné ses galons dans ce band.
Mais à mon avis, le plus impressionnant est le percussionniste Weedie Braimah qui s’occupe de son djembé comme pas un. D’ailleurs, Christian Scott le présente comme “THE djembé player” et de nous expliquer ses titres de noblesse à l’instrument.
Nouveauté : Christian Scott chante. Héritier d’une tradition d’indiens de la Nouvelle-Orleans, il a été intronisé chef il y a deux ans et nous ramène une chanson tribale qui date de plusieurs siècles. Et même s’il demande au public de faire la “second line”, celui-ci se débrouille bien pour donner la réplique au boss.
Contrairement au concert de Grenoble la semaine passée nous aurons droit à un rappel après une copieuse explication de ce qu’il attend du public en termes de réévaluation. Il s’agit de ce qu’il appelle une sorte de Pow Wow inspiré des danses tribales de ses racines. Ce rappel est prétexte à un magnifique solo de trompette. Une impro qui dure, magnifiquement soutenu par sa rythmique, encore un pont entre modernité et tradition.
Christian Scott aTunde Adjuah: trompettes ; Logan Richardson: sax alto ; Corey Fonville: batterie ; Lawrence Fields: piano ; Weedie Braimah: percussions ; Max Mucha: contrebasse