Le festival Parfum de Jazz est centré sur les “Ladies du jazz” depuis deux ans et organise un cycle de conférences sur cette thématique depuis 2018.
Geneviève Manois, la coordinatrice de ces cycles a invité des musicologues, des personnalités du jazz, des journalistes qui sont intervenus pour parler de femmes et de jazz.
La jeune universitaire, musicologue, musicienne, directrice de salle, Sarah Brault a ouvert le bal avec une question poignante : “Pourquoi si peu de femmes jouent-elles du jazz ?”. Nous attendions une réponse qui fut longue à venir car en la matière il faut poser son sujet et expliquer la démarche.
Vous pouvez retrouver les documents qu’elle nosu a présentés ici : https://www.parfumdejazz.com/wp-content/uploads/2019/08/190816-presentation-sarah-brault-pourquoi-si-peu-de-femmes-jouent-elles-du-jazz.pdf
On retrouve une synthèse de l’explication et de sa proposition à la page 12.
Si, si peu de femmes jouent du jazz c’est à cause de la convergence de plusieurs facteurs : tout d’abord le genre très masculin du réseau social du jazz où les hommes sont surreprésentés à tous les niveaux (éducation, diffusion, promotion, presse, etat et collectivités, etc.) ; il y aurait aussi une idéalisation du jazz qui en ferait un univers plutôt viril” et masculin ; enfin les femmes ayant existé dans le jazz auraient tendance à disparaitre des mémoires même celles qui ont été très célèbres en leur temps (C’est un phénomème que JP Boutellier avait également évoqué lors d’une précédente conférence). Tout ceci (et d’autres facteurs moins important) concourre à ce que les jeunes filles ne soient guère tentées ou poussées vers le jazz.
L’ensemble est fort bien résumé dans la lettre ouverte de Charlotte Espieussas au Festival Rio Loco. Lettre lue par Sarah Brault à la fin de sa conférence (Cf. page 21)
Lors d’une seconde conférence Sarah Brault nous présentera une sélection très subjective de musiciennes contemporaines “trop peu connues” … ce qui est “normal” pour des artistes en devenir. Maladroite, elle commence par citer Anne Pacéo voire Anne Quillier ou Eve Risser qui ont déjà acquis quelques lettres de noblesse. Comme les autres sont “trop peu connues”, inutile de les citer ici.
Pour nous remonter le moral Jean-Paul Boutellier retrace un pan de l’histoire des femmes et du jazz avec les big bands féminins qui ont été très nombreux au début du vingtième siècle. Au travers de dix sept vidéos (cf. https://www.parfumdejazz.com/wp-content/uploads/2019/08/jp-boutelliers-big-bands-feminins-extraits-video.pdf) il nous présente l’histoire de ces formations. Des jeunes filles ont pu bénéficier d’une éducation musicale (souvent le piano) mais avaient du mal à se faire employer dans des orchestres de musiciens. Alors elles formèrent des orchestres 100% féminins ce qui etait en soi une attraction prisée des cabarets et du cinéma. Lors d’une seconde intervention il nous présentera une sélection très large (près d’une soixantaine) de femmes pianistes de jazz de Emma Barrett à Sophia Domanchich en passant Mary Lou Williams, Marian McPartland, Toshiko Akiyoshi et tant d’autres. On le comprendra à l’issue de ces inventaires, les femmes ont existé dans le jazz depuis sa naissance.
Pierre-Henri Ardonceau, membre de l’Académie du Jazz et journaliste revient quant à lui sur la vie tumulteuse et vindicative de Nina Simone, qui fut blessée toute sa vie de n’avoir pu devenir concertiste classique et qui n’a eu de cesse de reprendre sa revanche. Allant d’excès en turbulences avec des très hauts et des très bas : voir https://www.parfumdejazz.com/wp-content/uploads/2019/08/conference-ph-ardonceau-nina-simone.pdf. Il truffe sa conférence, d’anecdotes, de vidéos. Le tout est très vivant et instructif quoique parfois brouillon. (cette conférence a été donnée à Buis-les-Baronnies et La Garde-Adhémar)
A La Garde-Adhémar, dans la superbe Salle de garde de la Maison Perrin-Vidoz, Jean-Paul Boutellier, décidemment incollable sur les femmes du jazz a évoqué une dizaine de “pionnières du jazz”, de celles qui ont ouvert la voie quitte à forcer des barrages. Tout naturellement il débute son propos par Bessie Smith, suivront dans l’ordre Lovie Austin ; Lil Hardin Armstrong ; Mary Lou Williams ; Ella Fitzgerald ; Mary Osborne ; Melba Liston ; Toshiko Akiyoshi pour finir sur Carla Bley. Pour chacune il nous explique pourquoi à son avis on peut les qualifier de pionnières, et de citer quasiment sans note les faits marquants de leurs vies et de leur carrières. Sélection drastique… il y en eut tant d’autres, mais le temps était compté.
Ce cycle de conférence est très apprécié des festivaliers qui n’hésitent pas à s’enfermer plusieurs heures dans la semaine. On y apprend pas mal de choses et/ou on révise ses connaissances. A refaire.