C’est la quatrième édition de l’Impérial Annecy Festival et ce soir se termine Les Impériales du Jazz avec Sweet Mama en concert gratuit sur la terrasse et Les Haricots Rouges dans la salle de l’Europe. L’Impérial Palace a eu droit à six jours de festival avec une très belle programmation concoctée par le pianiste Philippe Martel assisté par la chanteuse Kristin Marion. Ils ont réussi à attirer des têtes d’affiches comme les Puppini Sisters, le très grand pianiste Monty Alexander et le non moins grand saxophoniste Pee Wee Ellis qui ont chacun offert des concerts de très grandes qualités au public choisi et nombreux de l’Impérial Palace. Pour Philippe Martel, ce festival est une très grande réussite, de très beaux concerts, la présence d’un public nombreux et enthousiaste dans un très beau cadre, que demander de mieux. Ceci augure d’un festival 2020 qui sera encore plus exceptionnel.
Pour être franc, je n’étais pas venu assister à cette dernière soirée pour écrire un article, mais au bout du troisième morceau, de Sweet Mama, je n’ai pas résisté au plaisir de faire partager la joie de ce moment.
Sweet Mama c’est d’abord la créatrice et meneuse du groupe Catherine Girard dit Cajoune qui chante et joue du washboard. Puis dans l’ordre d’arrivée dans l’orchestre, Stéphane Barral à la contrebasse, Kim Dan Le Oc Mach au violon et Fred Meyer à la guitare. Dès l’entrée en scène, ça surprend, ça interpelle, ça intéresse. Rien ne manque dans ce groupe, il y a du swing, de l’originalité dans les orchestrations parfaitement maîtrisées, de la chaleur dans les interprétations et de la richesse dans les improvisations. Catherine Girard à la voix, au kazoo et au washboard mène le groupe avec beaucoup de talent. Une très belle voix qu’elle sait moduler en fonction de ce qu’elle chante, du swing au blues en passant par la ballade rien ne lui est étranger servi en ça par un très bel accent américain rappelant parfois celui de Madeleine Peyroux. Kim Dan Le Oc Mach au violon démontre une maîtrise parfaite de son instrument, en pizzicato ou bien à l’archet que ce soit dans les ballades ou il arrive à toucher notre cœur ou dans les morceaux swing ou ses envolées à la Stéphane Grapelli nous emportent. Le guitariste Fred Meyer apporte un très bon support harmonique et rythmique au groupe et nous gratifie de très beau solos à la Charlie Christian parfaitement dans le style. Stéphane Barral à la contrebasse, mène le swing du groupe et forme avec Catherine Girard au washboard une belle rythmique. Ce fut un très bon moment que cette heure qu’ils ont passé avec nous, le public ne s’y est pas trompé malgré un temps à la pluie il y avait du soleil sur cette scène et ce qui ne gâte rien le son de David et Alex était très bon.
Suite de la soirée avec Les Haricots Rouges, un orchestre de légende de New Orleans crée en 1963 avec une moyenne d’âge de soixante-quatorze ans pour les six musiciens et pour certains plus de cinquante ans de présence dans l’orchestre. Il y avait Pierre Jean à la trompette et au piano, Michel Sénamaud à la batterie, Norbert Congrega à la guitare et au banjo, Alain Huguet à la contrebasse, Christophe Deret au trombonne et Jacques Montebruno à la clarinettte. Ce n’est pas à un concert auquel nous avons assisté mais à un véritable show, plein de facéties ,très appréciées par les nombreux spectateurs. Chacun des morceaux avec les thèmes joués ou chantés était prétexte à de véritables chorégraphies, le summum étant atteint dans le célèbre thème Petite Fleur où celui qui soufflait dans l’instrument n’était pas celui qui le tenait ni celui qui appuyait sur les clés, pourtant ils y sont arrivés et quel travail de mise en place. Maîtrisant parfaitement les codes de la musique New Orleans ils ont enchaînés les standards, mais aussi de grands thèmes de la chansons française comme Les Grands Boulevards ou bien Tu Te Laisses Aller, avec à chaque fois son lot d’improvisations très proches des thèmes et de belles collectives. Une belle idée que de clore ce festival avec les Haricots rouges, un groupe inusable et qui a su se renouveler en transformant les concerts en un show ou chaque spectateur trouve son compte qu’il soit proche ou non de la musique de jazz.
NdlR : Merci à François Dardelet pour le prêt de deux photos.