Ce mardi, premier concert en Tricastin dans la cour de la Mairie de La Garde-Adhémar, nous assistons au tout nouveau projet de la charmante saxophoniste Sophie Alour, que nous avions eu le bonheur de voir l’an passé en ce même festival, accompagnant Rhoda Scott.
Un puissant mistral a fait fuir les nuages, mais a néanmoins provoqué une chute de température quasi automnale, pour ce concert en plein air.
C’est donc frigorifiés que les spectateurs ont savouré ce nouveau projet « Exil(s) », que Sophie vient tout juste de présenter au festival de Coutances “Jazz sous les pommiers” fin mai dernier, entourée d’une sacré belle équipe de musiciens hors-pair.
Ce programme particulier intégralement composé par Sophie, est issu de la rencontre avec le joueur de oud égyptien Mohamed Abozekry et de leur véritable complicité artistique.
Tout d’abord, on démarre par Exil, dont l’introduction n’est pas sans rappeler Jan Garbarek, pour son atmosphère presque éthéré, puis Archie Sheep, dans certaines interventions, puis La Chaussée des géants invitation au voyage en Irlande du nord, sur ses colonnes basaltiques impressionnantes où la saxophoniste devient coltranienne, ensuite Songe en forme de palmier, Les heures paresseuses lente balade/ballade rêveuse où le piano se fait impressionniste, ensuite la saxophoniste nous propose un dernier morceau avant l’entracte où la mélodie et le son du saxophone ténor nous font furieusement penser à Gato Barbieri.
Après un cours moment où le public a tenté vainement de se réchauffer, le quintet nous conte une Fleurette égyptienne forcément orientalisante, puis avant le morceau de bravoure de l’excellent Donald Kontomanou dans son solo de batterie, une pièce dont les réminiscences balkaniques sont peut être un hommage à Emir Kusturica et à Goran Bregovic, on poursuit avec Des lendemains qui chantent introduit par un sublime solo de piano, de l’excellent Damien Argentieri, évocateur et quasiment hypnotique, pour finir avec Sur les toits du monde ou Mohamed Abozekri nous offre un magnifique chorus au oud et où Sophie excelle à la flûte traversière.
Malgré les conditions climatiques, le public sous le charme eut un traditionnel rappel avec la venue d’Alain Brunet qui a superbement tenu sa partition.
Sophie Alour nous semble avoir un talent certain au saxophone et à la flûte mais sans l’originalité qu’elle montre parfois à la clarinette basse. Ses compositions montrent une jolie maîtrise du lyrisme et des climats variés et suggestifs.
Un projet ambitieux qui incite au voyage, qui nous emmène dans différentes contrées, du Caire à l’Irlande, et bien au-delà.
Un bien beau moment vécu en Tricastin !
Sophie Alour : saxophone ténor, flûte traversière, choeurs ; Mohamed Abozekri: oud, voix ; Damien Argentieri: piano ; Philippe Aerts: contrebasse ; Donald Kontomanou: batterie