(38) IsèreLa Belle Electrique

16/01/2020 – Cécile Mc Lorin Salvant & Sullivan Fortner à La Belle Electrique

Sur scène, un grand piano noir scintille sous les deux projecteurs. Cécile Mc Lorin Salvant s’avance drapée d’un manteau blanc tandis que Sullivan Fortner s’installe au piano, sur une mélodie très vive. Leurs sourires révèlent leur connivence. Les notes sont chantées et pianotées avec plaisir. Lors d’un solo de piano vivant, Cécile écoute, attentive. Dans la tradition des duos voix / piano, les thèmes tendres ou langoureux traduisant les émois de l’amour laisseront chaque artiste s’exprimer en alternance.

Pour A Clef, chanté en français, extrait de l’album “The Window”, les syllabes sont tenues longuement, murmurées avec tristesse, tandis que sur Wives and Lovers de Hal David et Burt Bacharach, extrait de “For One To Love”, la voix chaude s’envole et scande ses conseils aux amoureuses.

Sur un thème qui vient de “L’opéra de quat’sous”, les paroles sont assez loufoques. Lorsque les pirates arrivent en bateau et envahissent la ville, la voix grave et puissante annonce le drame alors que le pianiste ricane. Cécile s’approche du bord de scène pour faire entrer le public dans la confidence. Sa voix alarmante résonne…

Pour Underling, décontractée, elle échange avec le pianiste et clame « All my dreams are disasters ! », faisant ainsi preuve de dérision.

A capella, sur un morceau doux et tendre relatant sa rencontre avec trois bohémiens, sa voix bienveillante se fait grave et chaude. Le public est ravi !

Quand elle chante la renifleuse des amours mortes, La Solitude de Barbara, elle enthousiasme la salle, charmée !

Elle demande à son partenaire « Qu’est-ce que tu veux, maintenant ? », il répond « No Blues ! I’m happy » ; ils se lancent alors avec frénésie sur Devil May Care de l’album “Dreams and Daggers”.

Pour John Henry, un rythme très marqué, un peu country, sa voix forte sort de la gorge pour exprimer la tragédie “Give me some cool drink before I die !”. Pas de doute, une grande dame du jazz chante là pour nous !

Suivront encore plusieurs morceaux alternant voix tonitruante et piano violant avec des tempos plus lents et tendres sur une ambiance intimiste. Et pas moins de trois rappels !

Le public grenoblois est sorti émerveillé.

 

Cécile McLorin Salvant: voix, composition ; Sullivan Fortner: piano

Ont collaboré à cette chronique :