Camille Bertault démarre a cappella sur un Prélude de Chopin ! Lentement, les phrases sont susurrées sur des tonalités très variables. Les percussions se lancent, puis la contrebasse scande la phrase mélodique. On se balance sur un phrasé malicieux.
Sur Je suis un arbre, les notes fines s’égrènent avec frivolité. Même les onomatopées sont singulières.
Tout au long du concert, le corps de Camille accompagne son chant et ses scats vibrants. Quel spectacle impressionnant !
Elle introduit chaque morceau de quelques mots personnels. Très simple, heureuse, elle nous renvoie son optimisme !
J’ai admiré Le Tigre, extrait de son dernier CD éponyme. Le texte est inspiré du poème « Le Dormeur du Val » d’Arthur Rimbaud : « C’est un trou de verdure où chante une rivière …». Au rythme de la savane, la voix est aérienne pour décrire ces moments tragiques, jusqu’à «Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.» Poignant!
Camille, seule au piano sous un rayon de lumière, sa voix grave et harmonieuse nous charme infiniment avec There’s a bird, inspiré du poème de Charles Bukowski, Bluebird.
Voyageons qui alterne les cinq temps et les sept temps, à la façon d’un haïku, a fait enrager ses musiciens. Elle nous fait bourlinguer à travers le monde sur de légers balancements.
Une lente ballade rêveuse, Dream, dream, est accompagnée, au loin, par quelques sifflotements. Son corps, ses mains expriment sa rêverie. Quelques onomatopées, proches de la voix du cornet, achèvent le thème.
Elle ricane sur Tous ego. Des scats jouissifs, quelques pas de danse sur un lent tempo de tango… Nous sommes conquis !
La soirée se termine sur une To Do List déjantée. Très vive, elle explose « Give me a break » !
Un concert original d’une très grande qualité musicale, un dépaysement total, de la dérision, de la poésie. Quel bonheur !
Camille Bertault : auteur, compositeur, interprète ; Fadi Farah : piano ; Minino Garray : percussions ; Donald Kontomanou : batterie ; Christophe Minck : contrebasse, claviers, choeurs, sifflements.