Face à l’annulation de Zac Harmon, la direction de Jazz à Vienne a dû faire appel pour la soirée à des artistes de blues résidant dans l’hexagone. C’est le cas du guitariste texan Neal Black qui vit en France depuis plusieurs années tout en restant fidèle au label tricolore Dixiefrog. Pour la soirée il est associé à un vieux briscard du blues bien de chez nous en la personne du guitariste Fred Chapellier que le grand public connait pour sa participation au groupe de Jacques Dutronc et au projet les Vieilles Canailles. Les deux guitaristes se connaissent bien à la fois comme compagnon de label et à travers plusieurs collaborations. Fred Chapellier est notamment venu épauler Neal Black sur le dernier album de celui-ci “A little Boom Boom Boom” (Dixiefrog 2020). Et comme si cela n’était pas suffisant pour rendre l’affiche encore plus alléchante, ils ont fait appel à l’harmoniciste préféré de notre feu Johnny national, le bouillant Greg Zlap. Ce sont Mike Lattrell (claviers, orgue) ; Abder Benachour (basse) ; et Guillaume Destarac (batterie) qui complètent la formation.
Ici pas de répertoire super-calibré, mais plutôt une forme de jam-session blues où les deux guitaristes s’appuient l’un sur l’autre tout en rivalisant de virtuosité chacun dans le style qui lui est propre, l’un Fred Chapellier très mobile sur scène, prenant des pauses « hendrixiennes », l’autre Neal Black plus statique mais pas moins énergique quand il s’agit de monter et descendre les doigts sur le manche pour faire raisonner les notes du blues électrique. Les deux sachant aussi ensemble ou séparément donner de la voix avec une mention spéciale pour la voix chargé de graves de Neal Black.
Quand vient le moment de faire rentrer en piste Greg Zlap, on entend raisonner les premières notes de son Blues du Pénitencier au milieu du public ou se tient l’harmoniciste qui parcours les gradins en « chorussant » à tout va avant de rejoindre ses compagnons de blues sur la scène. C’est reparti pour du blues sauvage et pétillant et le feu sacré ne s’éteindra plus avant la fin du set. De Mon sang, où Greg Zlap cite tous les bluesmen et musiciens qui l’ont influencé à une longue séquence instrumentale ou se glissent soli de guitares, d’harmonica et d’orgue, le blues dégouline de toute part et déclenche l’ovation d’un public ravi. En rappel, tout le monde est là pour reprendre un titre du dernier album de Neal Black Don’t follow me there et on est définitivement conquis par la “smoky voice” du texan.
Au final un set tonique mené tambour battant ou on n’a certes pas réinventé le blues mais ou les musiciens ont réussi à en transmettre l’esprit et la passion à un public qui n’attendait que ce message.
Voir la chronique de François Robin sur son blog