« Chansons d’errance et d’amour », « De son chant clair, Elina Duni emmène jazz et chansons de tous horizons sur les chemins de l’exil et du cœur » nous annonçait le programme. Promesses tenues !
Pieds nus, vêtue d’une élégante robe tilleul et d’une veste masculine noire pour le premier set, la chanteuse Elina Duni, Albanaise vivant en Suisse, désormais « citoyenne du Monde », est venue à Lyon avec deux des musiciens de son dernier album Lost Ships : le guitariste Rob Luft et le batteur/pianiste Fred Thomas.
Le répertoire que nous propose le trio se promène entre morceaux publiés et compositions récentes. Le voyage permet au public lyonnais la découverte de traditionnels albanais jazzifiés avec délicatesse. Les oreilles francophiles se délectent de compositions originales comme Brighton ou de chansons de Gainsbourg (La Javanaise et Couleur Café), d’Aznavour (Hier encore) revisitées avec respect et imagination. Un frisson parcourt l’assistance avec le Round Midnight mis en paroles par Claude Nougaro. D’autres standards de jazz en anglais tels que Look for the Silver Lining de Jerome Kern et B.G. De Sylva, Willow weep for me de Ann Ronell, First Song de Charlie Haden avec les mots de Abbey Lincoln émaillent le programme. Nous avons même droit à une traditionnelle sérénade italienne (Bella Ci Dormi) et une longue chanson d’amour arabe. Le rappel nous est offert en albanais pour clore en beauté ce triptyque de trilogies !
Elina fait preuve d’une parfaite maîtrise vocale, aussi à l’aise sur les rythmiques langoureuses ou plus rythmées. Elle use aussi d’un petit clavier Korg qui ajoute des couleurs à la palette sonore déjà riche du trio.
Rob utilise avec une rare intelligence son parterre de pédales à effet qui lui permettent de varier les plaisirs d’un jeu tout en finesse. Son accompagnement subtil de la voix et ses soli de belle tenue offrent un bel éventail de propositions. Il forme parfois un duo vocal avec sa compagne.
Fred se partage entre la batterie qu’il sert avec tact, à mains nues, avec baguettes, balais ou mailloches, et le clavier du piano contribuant, lui aussi, à cette belle variétés d’univers sonores.
Le voyage fut des plus agréables pour qui avait eu la bonne idée de se protéger de la fraîcheur vespérale sous les arches du Péristyle en savourant son eau minérale ou son cocktail ! Le cocktail musical qui nous fut servi ce soir par l’Elina Duni Trio avait des accents méditerranéens brassant influences et cultures dans des sets parfaitement équilibrés. Les présentations des chansons replacées dans leurs contextes, les traductions et explications de textes ont installé une belle complicité entre artistes et spectateurs. Un peu de douceur en ces temps étranges !