L’esplanade du fort Barraux est balayée par le vent. Cela n’a pas empêché le public de venir pour cette quatrième édition du festival de Jazz à Barraux.
Ce soir, un premier concert réunit Mieko Miyazaki, concertiste japonaise de koto, de renommée internationale, et Franck Wolff, saxophoniste de jazz.
Le koto est un instrument traditionnel japonais, importé de chine au VIIIème siècle. Pratiquement inchangé depuis l’époque de Yatsuhashi au XVIIème siècle, il compte treize cordes tendues sur une longue caisse de résonance en bois de paulownia formant une légère courbe, et s’accorde par le déplacement de chevalets mobiles appelés ” ji”. Il doit être raccordé à chaque morceau.
Le duo fait preuve d’une originalité rare et d’une grande complicité sur leur dernier album “Dankin”.
Le koto, fluide, introduit Hurin Bell, le saxophone soprano, tendre et vivant, s’envole. Le koto, très clair, appelle le souffle grave du saxophone alto. Leur chant s’accélère puis gémit. Le saxophone soprano revient, plus gai, plus vif, entraînant le koto. Ensemble, ils vont, reviennent, puis s’assoupissent.
Quel rythme pour Bochu Train! Un bref arrêt et ils repartent, vite, vite ! Grondements, rage, effervescence !
Amoureux du jazz, ils nous offrent Lonnie’s Lament de John Coltrane. Le saxophone alto souffle longuement sur cette lamentation. Le koto sonne gravement. Le sax s’anime et le koto vacille puis pleure. Quelle émotion !
Avec Hilf O Himmel, musique traditionnelle alsacienne d’inspiration celtique, avec des paroles en japonais, nos artistes ont voulu célébré le métissage de leurs cultures, et c’est réussi ! Dansant, sautillant, d’une voix pleine de sensibilité.
Suivront plusieurs morceaux de leur répertoire où chacun échange avec l’autre avec complicité.
La soirée se termine avec un très joli cadeau : Avec le Temps de Léo Ferré. Émotion, tendresse, le sax reprend la chanson, le koto l’accompagne très légèrement avant de s’éteindre dans un souffle.
Quelle belle soirée, pleine de créativité, pour notre plus grand plaisir.