Quel plaisir de voir le Fil faire salle comble avec un public très majoritairement démasqué. Pourvu que ça dure… A l’occasion de cette toute première collaboration entre le Rhino Jazz(s) et C’kel prod, Messieurs Chazalon et Javelle se partageaient le micro pour ouvrir l’une des soixante soirées du festival à cornes, accueillant de concert celui de la chanteuse Kimberose, aka Kimberly Kitson Mills.
Passée du trip-hop au R&B, Kim et sa bande (clavier-guitare-basse-batterie-choriste) se nourrissent aujourd’hui presque exclusivement de soul avec, en ligne de mire, des références comme Etta James ou Amy Winehouse. Très en place (trop ?), l’équipe livrait un show suavement groovy à grand renfort de sonorités vintages, entre nappes d’orgue Hammond, caisse claire grasse à souhait, claquements de doigts et “clap your hands”. Avec une belle énergie la trentenaire chante dans un anglais parfait (elle a passé les douze premières années de sa vie dans la banlieue de Londres), mais n’a au fond pas grand-chose d’intéressant à raconter en français à son public entre deux titres. Elle évoque ses souvenirs d’enfance, la disparition de son papa, interrompt le concert lorsqu’au premier rang une personne vacille (« grave sympa la meuf »)… Jeune et jolie, Kimberose manque encore un peu de consistance, ce qui n’enlève rien à ses facilités vocales. Je salue quand même le gros boulot de la choriste (créditée nulle part) qui apporte une épaisseur bienvenue au chant principal un peu trop maniéré à mon goût. Bref, Kimberly is not my cup of tea, mais le public avait l’air conquis, donc tout va bien.