On va vous épargner toutes les vicissitudes vécues par la chanteuse Kaz Hawkins. (Vous trouverez tout cela sur internet). Pour faire court … c’était moche, très moche.
La musique est devenu un échappatoire et lui a permis de s’agripper à la vie. Très inspirée par Etta James (née Jamesetta Hawkins) elle a officiellement changé son nom en Hawkins.
En 2020 elle sort un album en hommage à sa chanteuse fétiche « Memories of… ». Il constitue la trame du concert de ce soir.
Le Jazz Club d’Annecy qui se retrouve « SCF » (sans club fixe) depuis quelques mois est tout heureux de pouvoir remplir l’Arcadium d’Annecy (plus de mille deux cents personnes) avec cette date plutôt rare de Kaz Hawkins.
Une soirée un peu spéciale car le Jazz Club en partenariat avec la ville et le département a invité un paquet de soignants pour les remercier des efforts fournis pendant le gros de la crise du Covid. Jazz et humanité, ça va bien ensemble.
Surtout que quelques jours plus tôt Kaz Hawkins a participé à une conférence avec ces personnels pour témoigner de sa résilience, terme qui lui convient particulièrement.
Le concert débute avec du lourd, du très lourd avec Something’s got a hold on me. Soul et blues énergique où l’on découvre enfin en vrai cette chanteuse à la voix XXL. Et d’emblée la claque est énorme.
Sur You can leave your hat on (tube qu’avait interprété Etta James) elle laisse du champ à chacun de ses musiciens histoire que nous fassions plus ample connaissance, et nous montre l’étendue de sa tessiture dans les graves, ça bouscule ! Dans les aigus ça calme aussi. Son band est presque entièrement français, c’est plus facile pour les tournées européennes, et il est bien soudé autour de la chanteuse. On remarquera quelques solos bien sentis de Stef Paglia à la guitare.
La chanteuse reprend quelques titre de son idole comme ce très authentique Loosers weepers.
Sur I have been loving you too long, Kaz Hawkins est littéralement habitée et nous emmène très loin.
Au milieu du set, elle se lâche et raconte une partie de ce qu’elle a vécue, ses tatouages qui couvrent ses cicatrices, ses addictions, qu’elle s’est vue mourir baignant dans son sang . Cela annonce son titre phare Lipstick and cocaïne. Et croyez moi l’émotion était palpable sur scène et dans la salle. Elle finit en pleurs et nous pas loin aussi.
Justement, elle continue avec son répertoire avec Don’t make Mama cry, encore une tranche de vie vécue, un blues très électrique qui vire très rock.
Autre moment d’émotion intense avec ce Because you love me dédié à sa fille qu’elle n’a pas vu depuis la crise du Covid.
Retour à Etta avec un Hound dog bien rugueux.
Puis un Saint Louis blues (un titre plus que centenaire) interprété d’une façon très traditionnelle mais avec une voix fabuleuse.
Tell Mama est la version “Etta Jamisée “de Tell Daddy, et ça ronfle sérieux.
Fort logiquement le set s’achève sur la chanson la plus connue d’Etta James At last ce qui déclenche les applaudissements du public.
Rappel archi-mérité sur un I just want to make love to you tonique à souhait qui lève le public.
Nous avons découvert ce soir une des plus grandes voix de cette génération, un coffre impressionnant et de l’amour en profusion. Je la verrai bien au menu du prochain RhinoJazz(s) où elle aurait toute sa place…
Kaz Hawkins: voix ; Amaury Blanchard: batterie ; Julien boisseau: basse; Stef Paglia: guitare ; Benoît Gaudiche: trompette ; Guillaume Sené: sax ténor ; Cédric Le Goff: claviers