Chronique d’une fin annoncée, pancarte “à vendre” sur la façade de l’Auberge de Presles, c’est bien ce soir que l’aventure du festival “Jazz à Presles” va s’arrêter !
Ezio et Christine ne pouvaient pas s’arrêter comme ça. Il leur fallait un concert magique, un final en beauté. Leur choix est un choix de cœur, un coup de foudre musical qu’ils ont eu en entendant il y a dix ans Shai Maestro. Ce jeune pianiste accompagnait le contrebassiste Avishai Cohen. A l’époque, deux inconnus du grand public, issus du même courant jazz israélien ; qui amenaient un nouveau souffle sur la planète jazz. Cette comète allait bouleverser le jazz moderne. Le trio d’Avishai Cohen est vite devenu incontournable.
La comète s’est ensuite scindée en deux, chacune traçant son chemin. Shai Maestro a crée son trio. Technique époustouflante, fraicheur et musicalité nouvelle et cette touche orientale toujours présente, autant de caractéristiques qui leur sont communes.
Ils l’ont fait ! Shai Maestro est là, sur la scène de Presles en cette fin d’après-midi radieuse. Les planètes se sont alignées pour offrir au festival Jazz à Presles, le final qu’il mérite.
Dès son entrée dans la salle, Shai Maestro crée avec le public une relation amicale. Visiblement heureux de l’environnement dans lequel se déroule ce concert et qui lui rappelle des souvenirs d’enfance, il remercie le public de s’être déplacé pour ce contact entre êtres humains, tellement plus beau que la frénésie dématérialisée des appareils que l’on qualifie de “connectés”.
Commence alors un concert solo sans “set list”, sans artifice. Magie de la musique à l’état pur, ballades musicales, improvisations maitrisées. Lorsque le pianiste le sollicite, le public entonne naturellement la ligne mélodique. Lui, heureux, ne boude pas son plaisir ; il fait durer. Moment d’émotions partagées. Quel bonheur de pouvoir assister à cette communion !
Une pause s’avère nécessaire. Le retour est plus grave. Shai Maestro évoque son pays, sa complexité, sa richesse, ses contradictions. Il joue When you stop seeing, parfaite illustration musicale de son propos. Suit une belle reprise de Smile de Charlie Chaplin, puis Angélo, un morceau plein d’humanisme dans lequel chacun peut se retrouver ou y retrouver un proche.
Pour finir, Shai Maestro joue Gal, du prénom de sa sœur.
Qu’importe le nombre de notes jouées, l’important c’est de jouer les bonnes ! Shai Maestro nous les aura toutes jouées ce soir.
Un rappel du fond du cœur demandé par les mains du public… ce sera trois rappels pour Shai Maestro qui interprète successivement Les feuilles mortes puis Luisa de Antonio Carlos Jobim et qui finit par une impro libre. Dernières notes de “l’ultimo” festival de Presles…
Merci Shai, merci Ezio, merci Christine.