C’est reparti : le public est revenu en nombre et sans masque, pour cet hommage à Michel Petrucciani, l’enfant du pays dont Laurent Coulondre revendique l’influence. Un projet- hommage rendu dans le disque Michel on my mind paru en 2019 pour les vingt ans de sa disparition. Révélation pianistique de la dernière décennie, lauréat de nombreux prix et Victoires de la musique, Laurent Coulondre assume avec assurance son rôle de leader dans ce trio. La technique est virtuose et l’aisance s’impose d’emblée avec une formation à la hauteur de l’enjeu : revisiter Petrucciani tout en apportant une touche personnelle à l’œuvre. Complicité totale avec Jeremy Bruyère étonnant à la contrebasse et de vélocité à la basse électrique sur un Looking up enflammé. André Ceccarelli, un peu en retrait au début, attend son tour avec le sourire. Denis Leloup est un invité qui apporte son style franc et fluide au trombone et retrouvant un peu la suavité seyant bien au répertoire de Michel avec un Memories of Paris. Il faut dire qu’ils ont beaucoup voyagé ensemble.
Laurent est un bavard qui accompagne la présentation des morceaux par de savoureuses anecdotes sur le prodige décédé il y a déjà plus de vingt ans. Mais dans un hommage, on ne peut tout citer et il faut bien choisir et restreindre le répertoire car on a bien sûr envie de tout jouer, mais le pianiste sait aussi placer ses petits hommages personnels avec un Laura dédié à sa femme et n’oublie pas les influences brésiliennes du Drômois.
Ce trio rallume la flamme Petrucciani avec classe et rigueur,par des improvisations flamboyantes même s’il manque parfois un peu d’émotion et de poésie. Mais les hommes ont du métier et connaissent leur affaire. Dédé Ceccarelli a 76 ans dont 57 années de carrière, et il cogne encore le niçois ! Et lorsque Leloup sort pour la pause avec ses compagnons, Laurent reprend les manettes avec un long solo puis annonce Les grelots rendant hommage à Eddy Louis, compagnon de Michel puis à Rachid, son fils adoptif.
Un rappel avec Did it again, clin d’œil à la chienne de Charles Lloyd qui ne savait pas se retenir au grand dam de Michel, et un dernier Cantabile pour la route. L’hommage est clôt, le public le leur rend bien avec une dernière chanson reprise en cœur et tenue jusqu’au bout et seul par le roi André.
Saluons également la dynamique première partie des stagiaires de la formation professionnelle de l’atelier Créativ Lab dirigé par Julien Sarazin lors de cette belle soirée.