(26) DrômeLa Nuit de tous les Jazzs

14/05/2022 – La dix-huitème “Nuit de tous les Jazz(s)” au Train Théâtre de Portes-lès-Valence


18h50 : Captain Stambolov

Cette formation l’avoue, elle joue pas tout à fait du jazz mais nous offre en guise de préparation à nos oreilles un plateau de musiques balkaniques et turques. Et puis tous les musiciens du septet sont par ailleurs des musiciens de jazz reconnus.
Alors…
De plus cette année l’organisation a eu la bonne idée de les programmer plus tôt ainsi nous disposons de plus de temps pour les apprécier avant le mini-marathon de la soirée.
Le public apprécie cette mise en oreille festive et énergique et regrette presque que cela s’arrête si vite pour filer dans une autre salle.

Pascal Derathé


19h30 : JAV Contreband

JAV Contreband, la grosse formation de Jazz Action Valence joue quasiment à domicile ici au Train Théâtre. Le répertoire de ce soir tourne autour des grands morceaux de Jimi Hendrix. Ceux-ci ont été arrangés par le directeur de la formation, Pascal Berne, qui excelle dans l’exercice. On reconnaitra bien enveloppés Vodoo Child ; Purple Haze ; Little Wing ; 1983… (a merman I should turn to be). Sur Foxy Lady, Pascal Berne invite Alfio Origlio et Célia Kameni. Ces deux-là vont donner un coup de fouet à l’ensemble et chacun en est revigoré il suffit de voir les échanges de sourire sur le plateau.

Pascal Derathé


19h40 : Quartet Crescent

A la Nuit de Tous les Jazz(s) au Train théâtre de Portes-lès-Valence, on a toujours l’impression de revenir à la maison pour le début de la saison des festivals. Musiciens, bénévoles des festivals et des organisations, équipe de Train Théâtre, on se retrouve en famille. La soirée est annonciatrice des concerts d’été et la chaleur est déjà là. Les sets s’enchainent sur trois scènes simultanées à la manière des premiers festivals.

Le premier concert de l’espace Baronissi ouvre ce marathon de la “Nuit” de cet espace Les quatre compères du Quartet Crescent ont troqué les quais de Saône de Macon pour la vallée du Rhône le temps d’une soirée. Car ce sont bien les professeurs du stage du festival du Crescent qui se produisent ce soir et que l’on a plus l’habitude d’écouter Quai Lamartine.

C’est sur un groove avec un rythme bop et les sonorités modernes du Fender Rhodes de Romain Nassini et de la basse électrique de Gregory Theveniau qu’ils ouvrent ce set. Sur sa caisse claire et des cymbales très swing Stéphane Foucher entame un rythme rapide et léger ponctué par les sonorités des fûts. Eric Prost au saxophones ténor développe une mélodie puissante. Le clavier a un son chaleureux et le début du marathon est un sprint. Le Fender Rhodes et la basse électrique donnent un esprit soul jazz à ce combo.

Après cette ouverture avec le titre Back home, ils poursuivent avec des suites tirées de Cour secrète des arcanes, un dessin animé sur la bande dessinée de Corto Maltese. On découvre l’esprit d’une ballade avec des rythmes lents et des sonorités planantes sur un jeu de cymbales délicat. Le solo du ténor sans accompagnement est puissant. Puis le clavier prend le leadership avec un solo au Fender Rhodes. Le trio rythmique s’exprime puis ça monte dans les tours et la machine à groove est lancée. On a un indice indiscutable quand les poils se dressent sur les bras, c’est l’apothéose lorsque le ténor entre dans le thème. Les visages des musiciens sont concentrés mais en osmose et à l’écoute du collectif.

Le troisième morceau fait appel à deux compositions L’aurelle et Pas. Cela commence avec un dialogue batterie et basse électrique. Le batteur joue délicatement avec les mains sur les peaux. Le Fender Rhodes lance des notes planantes sur le solo de basse électrique qui est très chantant. C’est un moment de douceur. Les moments de grâce sont alternés. Ceux qui sont lent donnent une respiration au concert. Ceux qui sont enflammés poussent à galoper pour suivre le swing.

Pour finir, le morceau Masque est commencé pizzicato par la basse électrique qui joue sans accompagnement. C’est une mélodie douce et sans puissance mais avec beaucoup de chaleur et de volupté.

Avec cette escapade Drômoise des Mâconnais, on est rassuré, les stagiaires du Crescent auront cet été des profs toujours aussi passionnés. Et nous sommes ravi de ce set d’ouverture sans tour de chauffe qui nous jette dans le bain immédiatement. Les titres joués sont extraits du dernier album de la formation.

Jean-François Viaud


19h50 : Flaws

Il s’agit d’un projet initié par la pianiste Sandrine Marchetti qui pose les voix de Loïs le Van et de Célia Tranchand sur quelques unes de ses compositions.


21h00 : Alfio Origlio et Célia Kameni Quartet

Ambiance feutrée , lumières très tamisées .

Les quatre musiciens s’installent. Les mailloches de Zaza Desiderio et l’archet de Brice Berrerd posent l’ambiance. Calme, sereine.
Alfio Origlio entre dans le jeu. Puis la voix de Célia Kameni.
Le public retient son souffle.
Un moment de grâce sur une nouvelle composition dans leur répertoire : Wrong Again.

Le répertoire du quartet évolue et des compositions viennent s’ajouter aux standards que nous leur connaissions.

Le quartet se réinvente et nous propose une nouvelle version de Norwegian Wood entamée a capella avec juste quelques mailloches (encore) et puis ça décolle avec un solo de piano dont Alfio a le secret, sa marque de fabrique.

De même la Caravan qui s’avance est complètement remoulinée à la sauce « Secret places »

Autre perle de leur répertoire Le blues indolent (immortalisé par Jeanne Moreau) qui nous donne à chaque fois des frissons.

On passe sur des versions toujours nouvelles de morceaux de l’album “Secret places” : Goldfinger et Purple Haze (déjà entendu dans un format très différent avec le JAV Contreband)

Le public est chaud bouillant et la température monte de plusieurs degrés sur la jolie reprise de Stevie Wonder Master Blaster entamée comme d’habitude avec les applaudissements en rythme aux applaudissements.

Pascal Derathé


21h10 : François Raulin fait son ciné-concert

François Raulin se retrouve seul sur la petite scène du Train-Cinéma, dans le noir, pour illustrer sur son piano droit des pépites du cinéma muet ou d’animation contemporain. Souvent kitsch. La combinaison des deux est délicieuse.


21h10 : Lenni Torgue Quintet

Le Lenni Torgue quintet prend la suite à l’espace Baronissi. Ce qui nous saute immédiatement aux oreilles avec cette formation c’est la variété et la richesse des sonorités. Jugez plutôt, chez les soufflants on remarque Leo Fumagalli aux saxophones et Arthur Tanguy à la flute traversière, instrument qui se fait rare de nos jours. Chez les frappeurs, tout aussi rare est le vibraphone actuellement que Lenni Torgue manie en leader de la formation. Yves Marcotte à la contrebasse vient renforcer la section rythmique. Ils nous proposent des morceaux de leur album qui vient de sortir Pray, Dance & Play comme le premier titre éponyme pour commencer.

L’association originales des deux instruments à vent donne beaucoup de légèreté à l’ensemble, avec le saxophoniste tantôt à au soprano et tantôt au ténor. Tandis que les deux percussionnistes jouent sur des variétés de tonalités qui ne sont pas courantes habituellement, comme le jeu délicat sur les lames du vibraphone avec le jeu du batteur avec ses mains sur les peaux. Les dialogues à deux ou à trois musiciens sont particulièrement stimulants et originaux.

Le contrebassiste vient renforcer cette rythmique et emmène ses partenaires sur un morceau lorsqu’il lance un solo. Le batteur et le vibraphoniste le rejoignent pour assurer la rythmique. Le solo passe du vibraphone au ténor qui reprend la balle au bond pour monter en puissance progressive. Le quartet est parti sur un groove endiablé.

Sur une composition du flutiste, l’introduction est douce avec le vibraphone, la flûte traversière et le soprano. La délicatesse de cette ballade est complétée par le jeu aux balais de Samuel Dhüsler sur les fûts de la batterie. Nous sommes entrainés par un groove planant cette fois-ci, la mélodie fine de la flûte est entremêlée avec l’impression de profondeur des frappes délicates sur les lames de métal.

Un autre titre avec une mélodie rapide mais délicate sans puissance ostentatoire nous donne l’impression d’une musique de film des années 50 ou 60.

Le final est plus enjoué avec une introduction du vibraphone et de la basse à l’archet. La flûte et le ténor appuient ce démarrage avec une mélodie douce. Les soufflants se parlent, le ténor prend le thème et la flûte flotte par-dessus avec légèreté. La batterie ponctue le morceau avec des bords de caisse claire et l’usage des balais. Cette variété de sonorité est très plaisante et en même temps monte en intensité avec un groove entrainant. La variété des sonorités donne sur certains passages le sentiment d’écouter un Big Band. L’écoute de ces cinq jeunes hommes passionnés est très agréable.

Jean-François Viaud


22h30 : Kevin Norwood

C’est souvent l’allure scénique qui éclaire et donne le style d’un musicien et chanteur en l’occurrence. Kevin Norwood se déplace sur scène par petits pas avec aux pieds une belle paire de chaussures blanches. Des détails direz- vous ?  Non car la voix du chanteur est calée sur ce mouvement d’avant en arrière puis de gauche à droite installant ainsi le dialogue avec ses musiciens.

Rosalie installe le style fluide et élégant du chanteur avec une voix rare et chaude de crooner aux intonations vocales perchées et précises. Ainsi posé, le chanteur impose la suavité de son chant embelli par son élocution anglaise parfait fruit de sa double culture.

Shadows lights nous emmène dans un univers d’ombres et lumières puis Anaïs, bouleversante sur le thème d’une confiance brisée, confirme l’élégance et la sensibilité de ce chanteur au chant fin et précis. Certaines oreilles avisées diront même avoir assisté au meilleur concert de la soirée.

Engagé le chanteur ? Peut-être, comme tous les gens de sa génération heurtés par la situation de réfugiés. Released est un chant de liberté d’une humanité bafouée. Mais la maturité musicale de cette formation repose sur la qualité des musiciens et les arrangements de Rémi Ploton au piano, claviers et effets, tissant avec son leader une belle complicité comme celle de Cédric Bec dans un duo voix et balais, rare moment improvisé sur Times leaves. Sam Favreau est un contrebassiste précis et omniprésent, le tout est fruit de dix années de travail en commun. Hope, leur dernier album sorti en 2021, insiste sur la place de l’homme dans la nature avec la belle composition Old believe nature. On ne saurait mieux dire, l’espoir est avec Kevin Norwood que nous soutenons fortement dans son parcours déjà ponctué de critiques élogieuses et le premier prix du concours à Crest jazz vocal. Les amis de Crest toujours à l’affut de la qualité de ces jeunes talents rencontrés à cette belle cette Nuit de Tous les Jazz(s) au Train Théâtre.

Jean-Louis Rossi


22h50 : Sébastien Joulie Group

La scène de l’espace Baronissi accueille à présent le Sébastien Joulie Group que l’on connaît bien dans la région. Cela démarre fort avec une attaque à l’unisson des cinq musiciens sur Fire de Jimi Hendrix. C’est Stéphane Moutot au saxophone ténor qui envoie de la puissance alors que ses camarades le soutiennent avec la rythmique. Sur ce premier morceau le leader, Sébastien Joulie à la guitare commence par accompagner la rythmique. Puis le trio de la section rythmique, Benoît Thévenot aux claviers, Michel Molines à la contrebasse et Charles Clayette à la batterie, « prennent les clés du camion » et nous conduisent dans un groove effréné. Ils se surpassent avec dextérité et rapidité, on comprend bien que l’on n’a pas d’autres choix que de les suivre dans ce plaisir musical. La guitare s’envole avec un solo sur cette rythmique de feu et le ténor vient clôturer avec le thème. Waouh ça décoiffe tout de suite !

Le morceau suivant est tout aussi énergique avec cette fois la sonorité du soprano. Le saxophoniste partage le thème avec le guitariste et le trio rythmique affirme à nouveau la puissance de son jeu avec sa présence énergique. Le contrebassiste appuie les sonorités modernes du solo de l’orgue. Le batteur souligne le jeu des camarades avec ses fûts et des frappes sèches sur le centre des cymbales.

Les cinq musiciens nous laissent un peu souffler avec L’étude numéro 4 de Leo Brouwer revisitée façon ballade. La batterie propose un accompagnement délicat avec l’alternance des mailloches et des baguettes. Nous sommes ensuite entrainé par le saxophone soprano et la guitare dans un tourbillon musical sur un arrangement de Danseuses de Delphes de Claude Debussy. Le piano entame son solo et le passe au soprano, ils sont tous propulsés par la batterie qui les porte.

Le quintet termine avec la composition Flack Out!!!. C’est le retour à un jeu puissant, auquel le clavier ajoute des effets délicats. La guitare et le soprano alternent les phrases musicales. Le batteur poursuit son engagement pour soutenir ses collègues avec un jeu puissant et des tonalités variées sur ses bords de caisses claire et des frappes sur les cymbales charleston. Le trio des rythmiciens se réunit à nouveau avec enthousiasme puis le guitariste et le saxophoniste les retrouvent sur le thème pour clôturer.

C’est un set engagé pour sa puissance et la passion, que nous offrent les cinq amis. La variété de leurs inspirations ajoute la surprise de la découverte et procure beaucoup de plaisir dans l’écoute.

Jean-François Viaud

 


23h50 : Six Ring Circus

Le Quintet rhônalpin se présente ici avec un nouveau projet qui puise son inspiration dans une idéalisation de la cybernétique avec à la clé une interrogation « un robot peut-il créer de l’art ? »
Pas simple ni évident.

EDA, une “intelligence artificielle” nous fait part de ses considérations sur le sujet et cela a inspiré les musiciens
La musique proposée en réponse est très rock et électrique.
La voix de Célia Forestier est triturée dans tous les sens par effets et autres vocoders. La batterie de Paul Berne est lourde et pesante comme la basse de Vincent Girard.
Baptiste Ferrandis se retrouve comme un poisson dans l’eau dans un univers fracturé et violent.
Elie Dufour complète le dispositif aux claviers.
Une unité tumultueuse se dégage de ce set.
Au milieu de la tourmente sonore surgit une ritournelle quasi vintage comme pour nous interpeller. Que l’on se rassure elle vire vite à quelque chose plus en rapport avec l’objet de ce concert.
A voir autant qu’à entendre.

Pascal Derathé


23h50 : Blast

Anne Quiller: claviers ; Pierre Horckmans: clarinettes ; Guillaume Bertrand: batterie

Laisser un commentaire