(69) RhôneÇa Jazze Fort à Francheville

11/06/2022 – Célia Kameni & Bruno Ruder à l’Iris pour Ça Jazze Fort à Francheville

Quelle belle idée a eue l’équipe de Ça Jazze fort à Francheville de finir sa saison en nous conviant à une création !

Quel bonheur partagé par les organisateurs et les artistes de (re)trouver la salle Barbara pleine !

A droite du rutilant piano noir, un pied paré de tulle immaculé supporte les deux micros de la chanteuse.

Bruno Ruder s’installe au piano et nous offre une introduction d’une grande délicatesse.  Célia Kameni le rejoint et entame Wrong Again où sa voix module entre puissance et douceur avec la même aisance, où l’on comprend la présence d’un second micro qu’elle utilise pour des vocalises réverbérées. C’est la première fois que Célia et Bruno jouent ensemble [NdlR : devant un public ; Arte les avait filmé il y a quelques mois], mais nos oreilles sont époustouflées par la mise en place du projet, Dusty Trails renforçant cette sensation. Nina Simone est honorée par une superbe reprise de Black is the color of  my true love’s hair, la quiétude du murmure côtoyant avec la même intensité la force du cri. En toute simplicité, le duo nous emmène dans l’univers de Stevie Wonder avec un Visions aux accents lyriques.

C’est avec Imagina  de Tom Jobim que l’on fait une incursion dans le répertoire lusophone. Là encore tout est en place et la complicité fait plaisir à voir et à entendre. Dans Lonely House, reprise de la création de Julie Christie, au bout de quelques mesures, Célia s’éloigne en fond de scène pour laisser Bruno nous distiller un brillant solo. Quand elle revient revisiter Little Omie Wise (qu’elle avait découverte interprétée par Cécile McLorin Salvant), elle chante a cappella, loin des micros devant un public ébahi puis reprend place derrière le tulle pour conclure ce moment unique.

Un superbe Nocturne de Gabriel Fauré nous permet de découvrir la facette francophone et francophile de Célia. Used semble plus léger, plus gai, plus mutin mais s’avère en fait plein de subtiles nuances… L’effet « réverb » des vocalises est du plus bel effet ! Retour à la langue de Molière avec De doute et de joie qui démarre dans les graves pour s’envoler dans les aigus. Non sans avoir remercié toute l’équipe franchevilloise, le duo entame le bien nommé Now at last (immortalisé par Blossom Dearie) en forme de (presque) conclusion…

Applaudissements nourris, bravos enthousiastes, sifflets de joie saluent cette impressionnante prestation. Le temps d’emporter en coulisses les fleurs offertes par Pascal Le Goff, la chanteuse et le pianiste reviennent pour le bouquet final. C’est un morceau de saison, et qui sait prémonitoire… qui parachève le concert, la chanson qu’interpréta Les McCann : Next Spring.

On aura du mal à attendre le printemps prochain pour retrouver ce duo qui nous a épatés par la maturité d’un projet pourtant tout neuf. Coup d’essai, coup de maître(sse) !  Guettez nos agendas. Surveillez les sorties d’albums. Célia nous a confié lors du concert que certains titres figureront sur son premier album*… Patience…

*Sous son nom ! (Après ses collaborations avec Bigre !, The Amazing Keystone Big Band, Alfio Origlio, Jon Boutellier, Thomas Naïm, Thomas Enhco, entre autres…)

 

Ont collaboré à cette chronique :