(38) IsèreJazz à Vienne

07/07/2022 -Christone “Kingfish” Ingram au Théâtre Antique

Natif de Clarksdale (Mississippi), une authentique terre du blues, nourri de gospel, de blues et de toute la « black music » contemporaine, âgé de seulement vingt trois ans, comptant à son actif deux albums sur le label de référence Alligator, “Kingfish” en 2019 et “662” en 2021 mondialement encensé par la presse blues et récompensé d’un Grammy Awards en 2022, Christone “Kingfish” Ingram incarne aujourd’hui le futur et le renouveau du blues comme le dit son plus fervent supporter Buddy Guy lui-même.

Venu en Europe pour quelques dates dans les plus grands festivals, il était ce soir sur la scène du Théâtre Antique pour clôturer cette soirée blues et, malgré son jeune âge, ce n’est à personne d’autre qu’on pouvait donner le mot de la fin tant sa musique transcende toutes les formes du genre. Accompagné de Paul Rogers (basse), Chris Black (batterie) et Marty Sammon (orgue), il ouvre son concert avec son titre porte drapeau She Calls me Kingfish , le surnom que lui avait donné son professeur de guitare et qu’il a finalement totalement adopté parce qu’il fait référence à BB King -un modèle pour lui- et à son centre d’intérêt pour le poisson. Musicalement on est immédiatement saisi par ce son aérien de guitare qui alterne l’explosif et le tendre en passant rapidement d’un climat à l’autre. On poursuit avec Fresh out, un titre créé avec Buddy Guy qui figure sur le premier album du guitariste Kingfish ; on y retrouve un chorus particulièrement fluide, bien habillé par des nappes d’orgue virevoltantes. Le troisième morceau joué est un titre de 662, Another life goes by sur un mode plus posé avec un jeu de guitare plus lyrique et apaisé. On reste dans ces ambiances medium avec une reprise du bluesman Michael Burks, Empty Promises avec un solo ovationné par le public conquis d’entendre un tel savoir-faire chez un si jeune guitariste véritablement surdoué. Sur Not Gonna Lie, Christone “Kingfish” Ingram quitte la scène pour venir se planter au milieu du public dans la première zone des gradins ou il expose toute sa technique dans un chorus passionné et brûlant, s’essayant même au jeu de guitare avec les dents façon Jimi Hendrix à Woodstock …!

Retour sur la scène pour interpréter 662 (ce titre fait référence à l’indicatif téléphonique du Mississippi qui a été mis en place en 1999 année de naissance du guitariste) ; il est immédiatement suivi de Long Distance Woman qui sonne plus rock tendance Cream.

En final et tout à fait naturellement c’est la reprise du titre emblématique de Jimi Hendrix Hey Joe dont Kingfish donne une version tout à fait personnelle aux notes bien détachées et appuyées soutenues par de fins accords d’orgue, avec une pointe espiègle de rythmique reggae.

En moins de dix titres et pile une heure de concert, Christone “Kingfish” Ingram a exposé une étonnante palette de savoir-faire et d’expressivité artistique ; pas étonnant qu’on voit en lui le futur du blues, nous y croyons aussi !

 

Voir la chronique de François Robin “Christone ‘Kingfish’ Ingram. Le Roi-poisson“.

Ont collaboré à cette chronique :