(38) IsèreJazz à Vienne

08/07/2022 -Robert Glasper au Théâtre Antique

L’étoile montante (et déjà bien montée…) du jazz progressif américain est sur la scène du théâtre antique de Vienne pour sa  quarante-et-unième édition.
Robert Glasper est un pianiste new-yorkais et compositeur autodidacte qui participe a créer des passerelles entre des mondes musicaux qui ont l’habitude, au moins, de s’ignorer : Le gospel, le jazz, le hip-hop et le R&B.
Il a déjà remporté quatre Grammy Awards.
Dans son dernier Album “Black Radio 3” il poursuit son projet d’ouverture en invitant des artistes de différents univers comme la chanteuse Lala Hathaway, le rappeur Common, ou la contrebassiste-bassiste Esperanza Spalding pour ne citer qu’eux.
Ce soir il ne présente pas ce troisième opus de Black Radio pour lequel il est plus producteur que musicien, mais nous offre ici une prestation dédiée à la scène où il est lui, en avant en tant que musicien, chanteur et surtout improvisateur avec tous les risques de l’exercice.

Le concert démarre avec un DJ qui se met derrière ses machines et lance ses samples et boucles en tous genres, “What’s up Jazz à Vienne ?” nous harangue t’il. Mais les musicos tardent à arriver, et je ne suis pas prêt à assister à un concert avec un type qui bricole des machines.( trop “old school” certainement).
Enfin le roi de la fête est annoncé en grandes pompes, ce qui rapidement tranche avec l’ambiance créée par le groupe à l’entame du concert. C’est un rythme lent, cool qui s’installe avec la voix de Glasper qui susurre doucement. Il est là où on ne l’attend pas.
Ça va groover comme ça tout au long du concert.
Chaque membre du groupe est exceptionnel. Le batteur Chris Dave parait en osmose avec son leader, il est placé d’ailleurs de façon à ce qu’ils puissent s’observer mutuellement.
Le DJ Jahi Sundance prend tout son rôle dans ce collectif où il est étonnant dans le lancement des samples et autres sons qu’il a préparés pour chaque morceau, et c’est un vrai enrichissement.
Burniss Travis à la basse six cordes est impressionnant, sans esbroufe il assure un soutien rythmique rigoureux mais lorsqu’on le laisse partir un solo, il est bluffant.
Les thèmes de chaque morceau seront de Glasper ou des reprises. On reconnaîtra des musiques de Nirvana , Tears for Fears ou Phil Colins aussi, il sont toujours l’occasion pour le musicien de les reprendre à son compte dans son univers et délivrer toute sa créativité dans ses soli.
Cette prestation m’a fait penser à son album “Covered” qui date de 2015 enregistré en club, en trio piano/basse/batterie où dans une ambiance plus feutrée, il reprenait des morceaux de Radiohead ou de Joni Mitchell et les triturait de la même façon, pour nous emmener dans ses impros entêtantes.
A la fin du concert le DJ remet le disque (Why We speak du dernier album), ce qui empêche le public de réclamer le rappel, c’est un peu étrange, le groupe sort de scène….et revient contre toute attente alors que déjà pas mal de spectateurs ont quitté les lieux.
Un autre petit morceau et puis s’en vont à nouveau. On gardera encore longtemps en tête les “Good vibrations” que ces avant-gardistes nous ont distillé ce soir.

Ont collaboré à cette chronique :