A l’image de la journée écoulée, la soirée s’annonce muy caliente à l’espace Soubeyran. Les chaises du parterre ont été remisées, c’est signe qu’il va y avoir des fourmis dans les jambes.
Percussionniste, guitariste et chanteur, Joel Hierrezuelo démarre pourtant en douceur avec Asi de Simple, que l’on pourrait traduire par « tout simplement » ; tout l’esprit du set tient dans ce titre. La voix et la guitare présentent de concert le thème et les premières notes du chorus ; l’énergie grimpe, la section rythmique se chauffe, puis l’élan est suspendu par un accord de piano et le morceau part sur une nouvelle mélodie, entêtante, petite gourmandise auditive, qui se teinte rapidement de rythmes africains bien soutenus.
Dès le départ, Lukmil Pérez se fait remarquer par sa présence intense et discrète autant que par la finesse et la variété de son jeu. Il ne s’impose pas, il soutient, il renforce, il énergise. Avec son complice Felipe Cabrera à la contrebasse, ils fournissent la terre fertile, les fondations de l’édifice, tout simplement. Chacun aura droit à son chorus qu’il mettra à profit l’un pour exprimer toute la sensualité de son jeu sans abandonner pour autant son groove généreux, l’autre pour un chorus tout en syncopes à géométrie variable.
Tout au long du set nous naviguerons entre les deux rives de l’Atlantique, entre plages méditatives, passages dansants et exaltations communicatives. Quand il s’agit de musique, l’océan est une frontière bien mince.
Le pianiste Leonardo Montana surfe sur la vague mélodique et rythmique, imprimant une patte cubaine omniprésente. Ses chorus sont un régal de fraîcheur, tout autant que les interventions éclatantes et remarquées de Sylvain Gontard à la trompette.
Joel Hierrezuelo semble un musicien heureux, sa musique est gaie, humaine, bienfaisante. Un set revigorant.