C’est dans la belle salle de la Maison de la Musique à Meylan que s’est déroulé le sixième concert de la dix-huitième édition du Grenoble Alpes Métropole Jazz Festival.
Michel Bonifay membre du conseil d’administration du Jazz Club de Grenoble a présenté le festival et ce concert.
C’est le bassiste, contrebassiste et compositeur Philippe Soriano qui menait ce quintet. Il était accompagné de Vincent Stephan à la trompette, Pascal Billot au saxophone alto, Alfio Origlio aux claviers et Philippe Bonnet à la batterie. Au son et à la lumière il y avait Raphaël Di Bartolomeo et Léonard Perrin qui ont fait un très bon travail.
Ce concert n’a pas manqué de déconcerter le petit musicien de jazz, pas seulement en taille, que je suis. Dans ce concert pas de swing, du binaire exclusivement car Philippe Soriano très influencé par la scène jazzistique actuelle newyorkaise et par le jazz flamenco binaire, bouleverse les structures musicales et les métriques auxquelles je suis plutôt habitué et c’est donc en toute humilité que j’aborde la chronique de ce concert.
Il a commencé par En Voz Baja, A Voix Basse en Français, un tempo lent, un thème développé à la trompette et au saxophone avec de belles harmonies, et des dissonances travaillées, Alfio Origlio au piano commence son improvisation, une pédale à la contrebasse fait monter la tension, les notes et les accords s’enchainent avec brio puis c’est au tour de Vincent Stéphan à la trompette de faire une improvisation sur une grille d’accords différente apparemment, un très beau son, les phrases se succèdent avec bonheur, Pascal Billot fait un back au saxophone soutenant l’improvisation de Vincent Stéphan. Le concert se poursuit avec Selva, un tempo lent, une phrase répétitive à la contrebasse, la trompette expose le thème rejoint par le saxophone, improvisation au piano d’Alfio Origlio, riche phrasé très rythmé, les notes défilent sur un tempo dédoublé, le piano devient instrument de percussion, Pascal Billot improvise démontrant une parfaite maîtrise de l’instrument, avec un phrasé riche et mélodique.
Puis c’est El Ladron De Manzana, Le Voleur De Pomme, une longue introduction au piano d’Alfio Origlio, très mélodique, beaucoup de nuances, des accords pleins de délicatesse, rejoint par la basse six cordes de Philippe Soriano et la batterie puis c’est au tour du duo sax trompette de faire le thème, un tempo plus enlevé des mesures à 7/4, Pascal Billot improvise ; très beau son, une impressionnante dextérité toujours bien maîtrisée. C’est au tour du thème de Miles Davis Nardis réarrangé en binaire d’être joué tout en retenue, un petit regret j’avoue car ces superbes musiciens auraient pu nous le faire en ternaire histoire de démontrer les passerelles possibles entre les deux styles, d’autant plus que, d’après moi, les cuivres et Alfio Origlio au Rhodes improvisaient ou faisaient les backs plutôt dans un esprit ternaire.
Sur Mas Que Nunca, Philippe Soriano fait une longue introduction avec sa contrebasse qu’il fait chanter, exposition du thème au saxophone puis en duo avec la trompette, improvisation au bugle par Vincent Stéphan, très bel enchainement de phrases mélodiques, parfaite maîtrise de l’instrument, un bon moment, collective saxophone trompette petit clin d’œil au style New Orleans.
Pour La Grinta, une longue introduction au saxophone alto par Pascal Billot, il joue avec son instrument avec une parfaite aisance. Une phrase répétitive, puis c’est un duo sax trompette, avant les improvisations qui se sont succédées dont celle de Philippe Bonnet à la batterie, avec un éventail de phrasés rythmiques très riche et bien exécutés.
Puis c’est Coton Tige un titre en français cette fois-là, le prochain tube du quintet d’après Philippe Soriano, un joli thème exposé par le duo saxophone, trompette, une belle improvisation au bugle de Vincent Stéphan, un solo de piano par Alfio Origlio, les doigts courent sur le clavier, les cuivres reprennent, c’est effectivement un beau morceau.
Une introduction au piano pour Y Nada Mas, Et Rien De Plus, le public accompagne d’un silence religieux cette superbe introduction, un tempo lent pour cette ballade, une jolie orchestration pour les cuivres, une improvisation au bugle ou Vincent Stéphan donne une très belle sonorité à l’instrument.
Puis c’est Lili surnom de la fille de Philippe Soriano qui d’après son père mérite par son caractère affirmé qu’on lui accorde le titre de ce morceau, c’est un ¾ au tempo enlevé avec un très mélodique arrangement pour les cuivres.
Le concert s’est poursuivi avec Especial avec une improvisation d’Alfio Origlio qui a emporté le public avec lui puis Yo Tambien, Moi Aussi et en bis La Grinta. Ce soir nous avons assisté à un très bon concert qui est venu un peu bousculer les quelques connaissances jazzistiques de votre interlocuteur, mais ça valait le coup.