C’est dans la grande salle de l’Espace Jargot à Crolles que s’est déroulé le septième concert de la dix-huitième édition du Grenoble Alpes Métropole Jazz Festival.
Dominique Grimault directeur du théatre Paul Jargot et Gérard Vieux du Jazz Club De Grenoble ont présenté ce concert.
C’est le septet du saxophoniste, compositeur et arrangeur Gaël Horellou, existant depuis six ans, qui était la vedette de cette soirée. Gaël Horellou était accompagné de Nicolas Beaulieu à la guitare, Florent Gac à l’orgue, Guillaume Vizzuti au chant et au roulèr, un gros tambour sur lequel il était assis, Emilie Maillot au chant et au kayamb, des hochets accolés en forme de radeau, Vincent Aly Beril au chant, au sati, un petit coffre métallique sur pied frappé avec des baguettes, et au Maloya Piker un gros bambou lui aussi frappé avec des baguettes et Fredo Ilata aux congas.
Cette musique, comme l’a expliqué Gaël Horellou, est une rencontre entre le Maloya un genre musical majeur de La Réunion à la rythmique ternaire où la seconde croche est accentuée et le ternaire du jazz. Une figure rythmique qui n’a pas manqué de déconcerter les quelques danseurs qui s’y sont essayés devant la scène. Il y avait donc sur scène quatre percussionnistes typiques de La Réunion et trois instrumentistes typiques d’un orchestre de jazz. On peut retrouver tous les morceaux joués sur les enregistrements du groupe et notamment sur son dernier CD «Identité ».
Le premier morceau Pied De Bwa, un tempo medium qui commence par les percussions à trois temps puis Gaël Horellou au saxophone alto entre. Tout de suite le ton est donné, des notes suraiguës ou très graves, c’est comme le bruit de la jungle à la tombée de la nuit, puis le thème, une phrase répétitive jouée au saxophone, à l’orgue et à la guitare et c’est aux chanteurs et principalement à Vincent Ali Beril d’intervenir, une belle voix haut perchée qui convient parfaitement au morceau, Gaël Horellou improvise au saxophone alto longuement, il démontre une parfaite maîtrise de son instrument, les phrases s’enchaînent sans discontinuer ,la tension monte, les chœurs accompagnent l’improvisateur, puis c’est une autre mélodie qui est enchaînée, elle fait penser à la musique trad de nos provinces, le tempo est beaucoup plus rapide, une improvisation à l’orgue puis au saxophone qui prend des sonorités de soprano. Un morceau d’introduction longuement applaudi par le public. Puis c’est Kisa Larivé, interprété au chant par Emilie Maillot, une voix d’alto, chaude, prenante parfaitement placée sur cette rythmique particulière, les autres instruments harmoniques faisant des backs, une improvisation au saxophone où Gaël Horellou explore toute la tessiture possible de son instrument ; changement de tempo, celui se fait plus prégnant, une machine qui avance que rien ne peut arrêter. S’en suit Antananarivo qui est un hommage à la capitale de Madagascar, un tempo lent une introduction saxophone, guitare, orgue, puis c’est Vincent Aly Beril au chant soutenu par les deux autres chanteurs qui répètent après lui la même phrase harmonisée, le tempo s’accélère, Nicolas Beaulieu improvise à la guitare, un son de guitare électrique avec une bonne distorsion, un bel enchaînement de phrases, Fredo Ilata fait un solo de congas très belle technique, le public en redemande. Kabaré, prochain titre avec une introduction à l’orgue, une belle suite d’accords, un son d’orgue Hammond et une discrète utilisation de la cabine Leslie, exposition du thème au saxophone, puis Emilie Maillot chante et s’ensuit une alternance entre l’orgue et les congas avec le saxophone en back, un arrangement de longues phrases jouées en duo saxophone, guitare, un beau travail. Puis c’est Ti Brine avec des paroles d’Emilie Maillot, une introduction au saxophone alto qui prend des intonations de ténor, c’est Emilie Maillot qui chante de sa belle voix le thème de cette jolie ballade, avec le saxophone qui lui, fait des backs. Avec Dalonaz, Gaël Horellou parle d’une approche différente, pour moi peut être un mixte entre la musique trad de nos provinces et celle de La Réunion, de longs solos d’orgue et de saxophone soutenus par les percussions font monter la tension du morceau, une façon de créer une espèce de transe, un joli solo de roulèr par Guillaume Vizzuti qui curieusement apaise l’ambiance. Avec Somin Lespwar c’est dans un 4/4 beaucoup plus facile pour le public qu’Emilie Maillot chante, un solo de saxophone dans la tradition de la musique trad française est brillamment exécuté par Gaël Horellou. S’ensuivront Ti Zafer, Gran Brile un thème traditionnel de la réunion, Saint Leu le nom d’une commune de La Réunion, et en bis Kala un titre d’un très grand groupe de La Réunion. Ce très beau morceau a clôturé le concert de ce groupe qui a été applaudi avec beaucoup de chaleur par le public présent.