Le pianiste Laurent de Wilde est un des deux parrains du club, alors c’est dire le plaisir qu’a Ludovic Murat de GagaJazz de le présenter au nombreux public qui a investi le Solar dont il aurait fallu pousser les murs.
Trio original car il est accompagné par deux « régionaux de l’étape » à savoir Yvan Oukrid à la batterie et Jérôme Regard à la contrebasse.
Pas si original que cela puisqu’en 2017 il avait déjà enregistré avec Jérôme Regard un album de reprises de Monk avec son “New Monk trio”.
Le trio s’installe, Laurent de Wilde débute par une improvisation très blues avant de s’aventurer dans des citations de Monk. Autant dire qu’il est en territoire de connaissance, cela devient Mysterioso couplé avec les basses de Born under the bass sign, un blues traditionnel.
Laurent nous explique que Monk était un obstiné du Si bémol et il décline le thème Thelonius qui ne tourne qu’autour de cette note. Le piano s’envole, Yvan fait briller ses cymbales avec légèreté et Jérôme parachève avec maîtrise. Un régal… mais le concert ne fait que commencer.
Le public est chaud bouillant et applaudit à tout rompre.
On passe à la ballade Monk’s mood revisitée par Laurent qui n’en garde que trois accords pour les combiner. Le silence devient quasi “monacal” dans le club, les notes sont juste évoquées, la contrebasse joue un ostinato très doux, les balais effleurent les peaux.
“Maintenant est venu le temps des tubes” avec paraît-il le morceau le plus enregistré , il s’agit bien sûr de ‘Round midnight encore une fois revue par Laurent. «J’ai enlevé plein d’accords pour en faire quelque chose de personnel » précisera-t-il.
L’introduction est effectivement surprenante jusqu’à l’apparition du thème.
Puis Jérôme nous gratifie d’un long solo de contrebasse, une improvisation puissante et riche. Un cadeau pour le public et la musique, avant d’enchaîner sur Four in one.
Celui qui a écrit l’une des meilleures biographies de Monk prend son temps pour nous raconter l’histoire de la baronne Pannonica de Koenigswarter et les liens qu’elle a liés avec le gratin des génies du jazz de l’époque. Nombreuses sont les compositions avec un “Nica” dedans. Monk en fut et a écrit une élégante ballade dédiée à sa muse Pannonica. Laurent en profite pour nous offrir un long chorus très varié en brodant autour des accords du morceau.
Le concert s’achève sur Coming on the Hudson, le fleuve qui sépare le New Jersey de Manhattan et que Monk à traversé maintes et maintes fois pour se réfugier chez la baronne.
Après des applaudissements nourris et très chaleureux, le trio nous propose un rappel sur Locomotive, encore un morceau très calme. Tout en subtilités.