Ce soir le Jazz Club a fait une petite entorse à sa mission première, puisque le jazz ne sera pas principalement à l’honneur, mais le blues, le folk, la country, la soul, le rock, avec le Kill Gallon, groupe formé en 2012.
Grâce à eux, nous voyageons dans le temps en revisitant les musiques américaines des années 30 à 70, et dans l’espace : en Louisiane, des champs de coton du Bayou aux saloons de la Nouvelle Orléans.
Victoria Kilgallon pieds nus et cheveux jusqu’aux reins, au chant ; Nico Gigant aux guitare, banjo et weissenborn ; Vincent Dupuis à l’harmonica et Stan Blaineau au washboard et percussions culinaires, forment un groupe très sympathique et dynamique.
Les premières notes qui viennent caresser nos oreilles, et nous rappellent les sonorités de Ry Cooder, sont celles du weissenborn. Cette guitare, qui se joue à plat, est un instrument hawaïen fait en acacia local. A cela s’ajoutent le washboard de Stan Blaineau, sorte de planche à laver associée à d’autres ustensiles comme une poêle à frire ou des dés à coudre, et l’harmonica puissant de Vincent Dupuis.
Avec la voix claire et forte de Victoria et la musique plaintive de You gotta move, impossible de ne pas être transporté dans ce Mississippi où la musique était en symbiose avec les pas cadencés des esclaves.
Leur reprise de Nobody knows you when you’re down and out d’Eric Clapton, plus dansante que l’original, reste dans le ton de cette musique bluesy, voire douloureuse du bayou, servie par la cohérence du groupe, également compositeur.
Leur réappropriation Des Portes du Pénitencier ou de Donna Donna est magnifique de douceur.
L’ambiance du concert change lorsque le folk arrive, avec les Creedence Clearwater Revival, et Midnight Special, The mist, My name is money, compositions du groupe ou Viper mad de Sydney Bechet.
La chaleur monte et le public surchauffé se lève et danse avec My boots are made for walking, et surtout avec Nikk’s jig, folk celtique entraîné par le rythme endiablé du banjo à la table en bois fabriqué spécialement pour Nico par un luthier, de l’harmonica, et par le fan club du groupe venu en nombre l’encourager.
L’énergie et le talent du Kill Gallon ont eu raison de la frilosité ambiante, qu’ils en soient remerciés !