L’auditorium de la MC2 et son exceptionnelle qualité acoustique fut un superbe écrin pour cet excellent concert. Ce soir, le trio joue à guichet fermé avec un public multiple.
Il y a des passionnés bien sûr, de ceux qui ont déjà croisés ce contrebassiste, son style, et dont je fais modestement partie et ceux qui ont eu envie de découvrir Avishai Cohen, son répertoire, et son nouvel album «Shifting Sands» sorti le 13 mai dernier.
Sables mouvants ? Non, plutôt sables émouvants…
Avec son retour à la formation trio, Avishai Cohen s’est entouré de deux jeunes musiciens Roni Kaspi à la batterie, exceptionnelle et le talentueux pianiste Guy Moskovich. Presque des découvertes, et déjà une famille artistique. [NdlR : Roni Kaspi faisait déjà partie du trio d’Avishai Cohen à Vienne en 2021 (voir ici)]
Roni Kaspi a un tempo pulsation d’exception. Avec son énergie et sa maîtrise, cette musicienne de vingt-e-un ans nous a gratifié ce soir d’un solo remarquable.
Guy Moskovitch au piano est habité par l’esprit jazz. Ses intros piano laissent venir le rythme de l’âme de la contrebasse d’Avishai Cohen. Il n’y a pas d’âge lorsqu’il jouent tous les trois.
Ils jouent en symbiose et les compositions d’Avishai Cohen sont mises en valeur, en lumière de façon magistrale. Il y a le sens du jeu, le son grave de la contrebasse, le plaisir partagé entre les musiciens et avec la salle, avec des applaudissements à tout rompre à la toute fin de chaque morceau.
Avishai Cohen joue de son archet et c’est une autre force, les sables mouvants, ce phénomène naturel, résistant à une certaine pression selon la configuration. Mais je m’égare… Le trio interprète d’anciennes compositions pour notre plus grand plaisir, Chutzpan et quelques autres de l’album “Gently Disturbed” (2008) en rappel de sa première période trio, magique.
En final, Avishai Cohen chante seul sur scène, le morceau mythique Sometimes I Feel Like a Motherless Child une compo datant d’avant l’abolition de l’esclavage au USA en 1865 et déjà reprise par les plus grands depuis Woodstock (oui ça date, historique)
Les deux rappels sont généreux, en finesse et en douceur, avec une grande place à la contrebasse, et en final un morceau ancien du répertoire d’Avishai Cohen dont je ne peux me souvenir le nom tant l’émotion est forte.
Ce soir, nous avons le bonheur et la chance d’avoir à notre porte, un des meilleurs compositeur contrebassiste de jazz contemporain pour une intense soirée.
- Avishai Cohen: contrebasse, voix
- Guy Moskovich: piano
- Roni Kaspi: batterie