Ah, quel plaisir de retrouver la barrière du Transbo ! Le « jazz » s’y faisant rare, on y va moins, pas question donc de rater la venue d’Ibrahim Maalouf ! Cerise sur le gâteau, on sera au chaud évitant à la fois une soirée foot et une déambulation réfrigérante dans les rues de Lyon. Concert annoncé complet, aucune place assise, il est vrai qu’on ne s’attend pas à une soirée de jazz cool après avoir écouté Capacity of love, le petit dernier d’Ibrahim!
Pendant que la salle se remplit, batterie, claviers, tambours et amplis sont installés dans les faisceaux lumineux des fumigènes, un technicien apporte basses et guitares. La lumière s’éteint, c’est parti !
D’entrée, S3NS devenu Capacity to love nous emporte en mode gros son. S’ensuit The Pope avant que le trompettiste ne prenne le micro pour nous inviter à danser, bouger, se baisser, se relever, sauter pendant Nomade slang (album Illusions, 2013) faisant du Transbo une discothèque intergénérationnelle… Ah, la fièvre du samedi soir ! Right time précède la présentation des musiciens, les fidèles figures historiques : François Delporte aux guitares, Franck Woeste aux claviers, les jeunes lyonnais : Yasha Berdah à la trompette, Hugo Crost à la batterie, Pierre Gibbe aux basses, Mihai Pirvan au saxophone et le directeur musical du projet, le claviériste et percussionniste NuTone.
Ibrahim nous rappelle que Todo colores est dérivé de Una rosa blanca (S3NS, 2019). Il s’installe au Fender Rhodes pour l’ouverture….. pluie de soli avec Yasha, Mihai et Hugo. Douce trompette en intro de True sorry (Illusions, 2013) et sympathique échange de solo entre Ibrahim et Mihai dos à dos. Money offre à François un écrin pour un solo façon guitar-hero !
L’album a un ou deux invités vocaux par morceau. La tournée se fait à huit instrumentistes. Ce soir, c’est la plus française des Brésiliennes qui a été invitée à partager la scène , la fougueuse Flavia Coelho qui avait enflammé la All Night Jazz de Vienne cet été. El mundo remet la danse au menu de la soirée. À la fin du morceau, Flavia se mue en derviche tourneur ! Ibrahim la fait revenir pour un freestyle incendiaire pendant Feeling good partagé par les corps et les voix des spectateurs.
Le public se plie volontiers à l’envoi d’un selfie à l’épouse d’Ibrahim dont c’est l’anniversaire, avant que le trompettiste remercie tous ceux qui accompagnent les musiciens (de la technique au merchandising) et nous raconte la genèse de son dernier opus qui s’ouvre avec la voix de Charlie Chaplin dans Le Dictateur et qu’on entend dans Speechless.
Le final est grandiose avec un Red and black light (2015), tube incontournable que le public adore reprendre en chœur. Pas besoin de rappel… Nous sommes rassasiés après tant de générosité et d’énergie partagées.