Dans le cadre de la semaine du “piano underground”, l’Opéra Underground proposait une contre histoire du piano autour de quelques artistes ou compositeurs atypiques de cet instrument et notamment le très rare Pascal Comelade qui depuis plus de quarante ans et une impressionnante discographie s’est toujours attaché à une utilisation non conventionnelle de cet instrument quitte à avoir recours à toutes sortes de mini piano ou piano jouet. Il a souhaité intitulé ce concert « 4 réducteurs de pianos » à la fois parce qu’à côté des classiques piano quart de queue et piano droit sont aussi utilisées des réductions de piano, des « toy pianos » mais aussi parce qu’ils sont quatre sur scène : Phil Argeles (piano droit), Alban Barate (piano réduit et mini Korg ), Yvan « Telefunken » Martinez (mini piano et mini Bontempi) et naturellement Pascal Comelade à la direction, au piano à queue et au mini piano.
Pour ce concert pas de temps perdu en parlotte ni en présentation, mais uniquement de la musique instrumentale enchainée avec juste le temps des applaudissements comme respiration, pendant qu’on change les partitions ( ou les feuilles de papier qui en font office). Ce n’est pas moins d’une trentaine de morceaux qui se succèdent et tous en moins de trois minutes chrono, c’est un véritable parcours dans toutes les musiques populaires puisant à la fois du côté du rock bastringue, des musiques mécaniques et répétitives mais aussi des musiques traditionnelles catalanes, des Balkans ou d’Asie ou même de la variété, de la pop music et de la valse… Tout un patchwork savamment organisé. Nous sommes dans des ambiances qui évoquent Nino Rota, Tom Waits ou Robert Wyatt, des musiciens que Pascal Comelade connait bien. Pour ne pas déroger à son habitude d’utiliser des jouets, Pascal Comelade introduit sur un morceau un lapin en peluche qui joue du tambour ; sur un autre morceau seule concession à la voix humaine c’est Yvan Martinez qui murmure et chantonne dans une tasse à café …
Le public est réceptif et en redemande pour un rappel avec trois morceaux supplémentaires dont en final une version très relookée du Imagine de John Lennon.
En résumé, un concert de quatre vingt dix minutes dense, original et surprenant de bout en bout avec un artiste qu’il faut absolument découvrir.
Le dernier album de Pascal Comelade « Le non sens du rythme » paru en 2022 est facilement disponible et tout à fait caractéristique de son art.