Où l’on retrouve du jazz “impliqué” et cela se passe au Saint-Fons Jazz.
Les pieds dans les champs se situe juste avant le début de l’exode rural avant l’invasion du pétrole dans notre société. La guitare et le sax se font douceur.
Sophie Rodriguez est aux flûtes. Sinon l’équipe est inchangée par rapport à la création de janvier 2022 au Périscope (voir ici). Elvire Jouve explore quelques zones cachées de sa batterie. Éric Prost assure au sax ténor. Michel Molines fait des merveilles à la contrebasse. Et bien sûr Romain Baret est aux commandes avec sa guitare.
Revenons aux pieds dans les champs, progressivement l’ambiance s’installe, monte crescendo pour retomber dans une image de désolation.
L’ambiance se fait plus électrique (les lumières sont superbes, la fumée est juste « pile-poil », merci Romain Bouez aux “lights”), Michel Molines est passé à la basse (c’est rare).
Le set monte en puissance, Elvire nous gratifie d’un chorus dont elle a le secret, ça commence par du petit jeu décliné sur un tom avec quelques rimshots avant d’aller voir du côté des cymbales et du charleston, dense mais pas démonstratif. Sax et flûte jouent leur partition. C’est à la fois âpre et mélodieux, un mélange subtil.
Arrive l’apogée de la croissance, les industries jubilent. Romain se paie un chorus bien rock vite repris par le groupe. Eric, “rocker dans l’âme et jazzeux par intérêt”(sic) adore. L’industrie tourne à fond, le rythme est intense. Tous les instruments sont sollicités, à leur paroxysme.
Une accalmie nous permet d’apprécier un chorus de sax tout en nuances délicatement soutenu par la guitare, la batterie et la contrebasse… Mais cela ne dure guère, la tension s’installe à nouveau et l’énergie redevient le maître mot de l’ensemble.
Pour achever ce concert Romain nous propose un hommage au Gulf Stream qui après des siècles de bienfaits à l’Europe semble donner « des signes de fatigue ». Triste !
Une bonne heure de musique dense et inventive qui traduit le désarroi de nos jeunes générations face aux défis de notre civilisation à bout de souffle et à notre bonne vieille Gaïa maltraitée.
Le rappel se fait sur A rise of hope (une levée d’espoir) … enfin ! Encore un morceau tout en contrastes. Éric en appui sur son pied gauche et bien cambré s’envole. Il est suivi par ses compères. Quelle belle fin !
Un concert qui sort de l’ordinaire et qui laissera un superbe souvenir en dépit du message véhiculé.
Un autre merci à Frédéric Finand, fidèle ingé-son du festival, qui a bien soigné nos oreilles délicates