« Qui connaît Peggy Lee ? » C’est par cette question que Tania Ivanov interpelle le public du Jazz Club de Grenoble, ce 9 février.
Peggy Lee est une chanteuse de Jazz américaine née en 1920, connue surtout pour sa chanson Fever, mais dont on ignore souvent qu’elle fut aussi actrice nominée aux Oscars d’Hollywood en 1956 dans un second rôle, compositrice, arrangeuse, co-autrice de la bande originale du film “La Belle et le clochard” des studios Walt Disney, et qu’elle a inspiré le personnage mythique de Miss Piggy du célèbre Muppet Show.
C’est à cette chanteuse, trop méconnue en France, que le Tania Ivanov Quartet rend hommage ce soir.
Le quartet, extrêmement sympathique, à la joie communicative, est celui d’amis de longue, voire de très longue, date que l’amour du Jazz a réuni : le pianiste Olivier Truchot, le contrebassiste Patrick Maradan, le batteur Julien Vuillaume et donc la chanteuse Tania Ivanov.
Vêtue à la mode des années 50-60, gantée de noir, une fleur blanche dans les cheveux, Tania, issue du théâtre, a l’aisance et la dramaturgie qu’il faut pour rendre ses chansons vivantes et expressives grâce à sa gestuelle, ses mimiques et sa forte présence sur scène.
Elle a surtout une voix puissante, toute en nuance et sensualité.
Entre swing et blues, le répertoire de Peggy Lee est ici interprété avec enthousiasme, par des musiciens exceptionnels oscillant entre virtuosité et improvisation.
Je salue en particulier la prestation du contrebassiste Patrick Maradan, dont le jeu épuré, minimaliste, sobre, a magnifiquement traduit le coté intimiste du morceau Salt lake city blues.
Tania parsème le concert d’anecdotes, remettant les chansons dans leur contexte, donnant des éléments de la vie de Peggy. Elle swingue avec Day in day out, If dreams come true, Always true to you in my Fashion, I don’t know enough about you, composition de Peggy, ou You’re mine you. Elle chante l’amour en susurrant avec It’s a good day, Moment like this, entr’autres.
Le quartet nous a aussi transportés dans l’univers des comédies musicales américaines des années 50 dont celle de Cole Porter Kiss me Kate. Avec Fever, un clin d’œil est donné à West Side story dans laquelle la ponctuation rythmique et les claquements de doigts ont été repris.
Et c’est sur une note mexicaine avec Manana is soon enough for you que nous avons quitté Peggy Lee, chanteuse moins connue en France qu’aux Etats unis, dont le style original mêlant chant et voix exprime émotion, sensualité et humour.
Merci au quartet de nous l’avoir si bien ressuscitée, le temps d’une soirée.