(38) IsèreJazz'Alp

04/03/2023 – Claude Tchamitchian Quintet à Jazz’Alp

Avant même leur entrée sur scène le président du festival, Gérard Duchamp, n’est que louanges pour ce contrebassiste qui occupe une place à part dans notre paysage jazzistique.

Claude Tchamitchian rappelle qu’il est à moitié arménien par son père et qu’il se passe là- bas des choses pas jolies jolies et il a donc souhaité nous offrir une “porte de sortie musicale”.
Pour ce faire il a réuni autour de lui une superbe équipe. Jugez-en : Régis Huby: violon, violon ténor (si, si, ça existe !*); Rémi Charmasson: guitare ; Christophe Marguet: batterie et Daniel Erdmann: saxophones.

Ce sont donc des séries de suites qui nous sont offertes. Une musique très construite avec quelques chorus magnifiques, et cela commence par un moment d’anthologie lors de As long as you dream par Régis Huby qui place la barre très haut avec un chorus particulièrement vif.

Puis suivent Les volcans du Paradis. Les instruments se répondent et créent des ambiances subtiles et astringentes. Christophe Marguet nous livre de la dentelle avec ses cymbales et mailloches. Puis Claude Tchamitchian nous offre un solo intense, les doigts courent sur les cordes, les domptent avec aisance alors que rien n’est moins vrai. Un moment suspendu.
Fin du solo, il prend son archet et lance un tutti rugissant, sans crier gare. Les volcans se sont réveillés. Suit un duo très improvisé entre sax et contrebasse, ça va vite.
Tout se calme et Christophe Marguet entame du bout des baguettes un petit solo qui débute tout doucement avant d’enfler et de passer la surmultipliée, impressionnant de technique et de phrasé, il change d’intention à chaque mesure explorant son monde de cymbales, de peaux et de fûts.
Puis les deux archets calment le jeu.

Healthy rage dédicacée à Charlie Mingus. Encore du vif avec pour commencer un étonnant duo à l’unisson entre sax ténor et violon ténor.

The useless fight of the broken pot. Que voilà un titre porteur d’espoir ! Musicalement c’est étrange. Des emballements suivis de syncopes parfaitement réglées. Puis le violon ténor bardé d’effets installe une ambiance planante. Régis joue avec ses pédales et empli tout le volume. Puis chacun y va de son chorus vibrionnant. Une montée en tension très intense, très rock où Rémi Charmasson peut enfin se lâcher.

En dépit de l’heure tardive, le public subjugué par tant d’intensité et de virtuosité réclame et obtient un rappel. Ce sera “une fausse valse” : Les palais oubliés.

Claude Tchamitchian: composition, contrebasse ; Daniel Erdmann: saxophones ténor et soprano ; Régis Huby: violon, violon ténor ; Rémi Charmasson: guitare ; Christophe Marguet: batterie

 

*: nous avons appris le lendemain que Régis Huby venait de prendre livraison ce mardi de cette pièce unique réalisé par le luthier Fred “Kopo” Pons en Bretagne, et qu’il jouait pour la première fois avec en concert.

Ont collaboré à cette chronique :