(38) IsèreChronique de filmJazz Club de Grenoble

09/03/2023 – Amin Al Aiedy Quartet au Jazz Club de Grenoble

Ce Jeudi 9 mars, nous avons eu la chance d’entendre à nouveau , au Jazz Club de Grenoble un quartet que nous avions eu le bonheur de découvrir  fin Août à BatÔjazz (voir ici); Amin Al Aiedy Quartet : l’été au cœur de l’hiver, c’est de saison.

Vincent Forestier au piano, Matheo Ciesla à la batterie, Jean Vaché à la contrebasse, et Amin Al Aiedy au oud.

Ah oud ? Le luth occidental en est une version [NdlR : et non le contraire !]. Et  il a probablement donné naissance au  pipa chinois et au biwa japonais. Quel lyrisme, quelle sensualité, quelle spiritualité dans le jeu de cet instrument qui peut mêler  la spiritualité mélodique du monde oriental avec les richesses harmoniques et rythmiques du monde occidental. Des polyrythmies aux métriques variées dynamisent les modes qu’a ressuscités le jazz. Modes métamorphosés par les «maqams» arabes.

Bref c’est un jeu de couleurs magnifiques que nous propose le quartet. Dont j’admire ce soir les  nuances, passant de pianissimo subtils à des «forte» lancinants; d’atmosphères légères où le silence même se laisse entendre, à des clameurs et voluptés lourdes.

Les thèmes sont souvent précédés de «taksims», sortes de préludes joués en solo par l’un ou l’autre instrumentiste: Après Will you follow me, taksim d’oud pour Snow on Bagdad (évocation de la poussière des bombes), taksim de contrebasse pour Nabu , taksim de piano pour Isabelle ; après Until the end, Bambi, taksim de batterie pour Samaï;  et pour clore le concert: Shams.

Encore une fois j’ai admiré la clarté des intentions dans le jeu de chacun, et cela est très nécessaire puisque chacun est tour à tour exposé, puisque la complexité mélodique, harmonique, les modulations incessantes la polyrythmie permanente, les changements de rythmes font de certains thèmes de véritables «suites» (Bambi est à cet égard exemplaire). Et les effets sonores (les cymbales attaquées à l’archet, harmonisées avec le thème), les jeux rythmiques avec les mains sur les peaux, les mailloches ou les baguettes, la résonance au piano des cordes jouées à la main, enrichissent encore la palette sonore. Et Jean Vaché impulse des tempis dansants!

Il n’y a donc nulle guerre des civilisations dans cette musique puisque la musique prépare l’esprit à la connaissance (Avicenne et Aristote s’accordent).

Bien sûr il y aura un rappel après une «standing ovation». Les amis présents (Michel, Marie, Martin …et beaucoup d’autres) sont enthousiastes!

Le public du Jazz club est émerveillé ravi et debout!

Ont collaboré à cette chronique :