L’esprit du festival des Détours de Babel est de faire dialoguer des artistes aux univers différents pour créer une œuvre originale, métissant les musiques du monde.
Le quartet Marthe questionne depuis 2017, date de sa création, le lien fort qui unit le jazz et la musique du monde, et notamment pour ce projet, celle d’Afrique du sud. Le métissage des cultures est sa marque de fabrique. La rencontre avec la chanteuse Pilani Bubu et le percussionniste Wendlavim Zabsonre était donc évidente.
C’est en Afrique du sud qu’est né le projet Zîn Nôogo, auquel s’est adjoint pour cette soirée une trentaine d’élèves de la classe de cuivre et des choristes des Conservatoires de Grenoble et de Fontaine.
Florent Briqué, trompettiste et compositeur et Alexis Moutsouris clarinettiste et saxophoniste sont à l’origine de Marthe qui accueille également Lucas Territo à la guitare et à la basse et Damien Bernard à la batterie.
Lorsque Pilani arrive sur scène, parée d’un chapeau et de bijoux traditionnels, et d’une robe rouge éclatant, le charme opère tout de suite. Toute en rondeur et sourire, sa voix envoûtante s’impose.
Ses textes sont en xhosa, son ethnie d’origine, en zoulou et en anglais. Pilani les a choisis pour revendiquer, en activiste artistique, la place des femmes dans son pays natal, dénoncer les violences conjugales, prôner la réconciliation et l’apaisement.
C’est pleine de cette volonté et de cette force que sa voix se conjugue aux instruments sans jamais être dominée. L’équilibre entre tous est remarquable et chacun trouve la place de s’exprimer à hauteur de son engagement. Les solos puissants de trompette, de saxophone et de clarinette viennent s’ajouter à la force des propos.
La voix vibrante et ferme associée aux sonorités jazz et africaines, en font une musique joyeuse et déterminée, parfois douce pour cette chanson que les enfants de la chorale ont accompagnée
Et quel plaisir pour nos yeux de voir Pilani danser, onduler comme une liane, chalouper en souriant, accompagnée uniquement du duo de batterie magistral.
Cette soirée était bien dédiée aux femmes qu’elles soient d’Afrique du sud ou d’ailleurs, le titre Women en fut l’emblème.
Le public très enthousiaste a chanté, tapé dans les mains et demandé deux rappels en guise de remerciements bien mérités.
