(26) Drôme

15/04/2023 – Mamia Chérif à Montélimar

Jazz Rhône-Alpes a ouvert très récemment les colonnes de ses entretiens à la “voix” de Mamia Chérif (voir ici).

Et pour faire perdurer le plaisir en sa compagnie, l’artiste a eu la bonne idée de répondre à une sollicitation particulière de l’association  AFTIMMM de Montélimar (voir ici) pour venir se produire dans cette ville, dans la salle Saint-Martin. Un concert exceptionnel au cours duquel Mamia Chérif aura entraîné une assistance comble –  et comblée – dans une véritable féérie de poésie. Et puis… elle y avait aussi laissé parler son cœur. Parce que l’association à l’origine de ce concert, une association franco-tunisienne emmenée par le Docteur Slaheddine Tebib, radiologue à Montélimar, vient en aide aux insuffisants mentaux, au travers de leur structure qui a créé un pont entre la cité drômoise et son alter-ego Menzel.

Mamia Chérif aura, ce soir-là, laissé s’exprimer ses deux passions. Au cours de son entretien, elle nous avait laissé entrevoir son amour pour le texte poétique. Et elle a su nous en donner toute la mesure, en “invitant sur scène” au travers de sa voix, la poétesse argentine Alfonsina Storni, [NdLR : la chanson Alfonsina y el mar a été composée en son honneur] qui aura porté haut les couleurs de ce style littéraire dans une Argentine plutôt “machiste”, jusqu’à sa mort prématurée en 1938, une mort qu’elle préféra se donner plutôt que de se laisser gagner par le cancer.

Mais la soirée ne se limitait pas, pour Mamia Chérif, à la seule poésie. Encore que, on aura retrouvé cette “magie des mots”, auréolés de notes, dans la musique arabo-andalouse qu’elle aura offert au public présent et – c’est le moins qu’on puisse dire – qu’elle aura une fois de plus magnifiée.

Son projet “Alma” est une totale réussite, un “enchantement” pourrait-on même dire tant la scène explose en poésie et pas seulement en hommage à Alfonsina. Tout est tour à tour entraînant, émotion, cristallin.

Et bien sûr, Mamia Chérif n’était pas venue seule. Autour d’elle, et “à tout seigneur…”, la pianiste “plus que valeur sûre” Sandrine Marchetti, dont le jeu aérien mais d’une précision redoutable s’est complètement investi au service de cette poésie. Une totale harmonie entre les touches de Sandrine et la voix de Mamia. Oui, ces deux musiciennes-là se sont vraiment trouvées.

Et puis, pour parfaire le quatuor, deux jeunes musiciens. Dont Jazz-Rhone-Alpes.com aura d’ailleurs très certainement le plaisir de reparler. A la contrebasse – honneur aux dames – la musicienne marseillaise France Duclairoir, qui affiche déjà une maîtrise très prometteuse. France aura aussi été, ce soir-là, la “seconde voix” du groupe, fluide unisson avec celle de Mamia. Et au cajon, le “déjà génial” Thomas Lesterlin, qui a donné le rythme de toute cette féérie, comme déjà “un vieux roublard sur scène”. Deux jeunes talents du jazz qui, sûrement, feront belle route.

Quatuor ? J’ai dit “quatuor” ? Alors je corrige… Il y avait aussi un “invité”. En la personne d’Issam Jammal, qui fait “poéter” un oud comme personne. Le musicien montilien s’est très volontiers joint au conte que nous ont raconté Mamia, Sandrine, France et Thomas, conte qui aura transporté l’assistance entre tango et courant arabo-andalou, un courant ensorcelant d’univers magistraux.

Ces moments de partage, qui allient la grâce amenés par cinq artistes réunis et une cause qui ne peut que toucher au cœur, sont uniques. Lorsqu’ils se produisent, alors le public est privilégié. Privilégiés parce qu’associés à ce qui manque terriblement dans notre monde d’aujourd’hui : la main tendue vers l’autre.

Et pour les artistes qui savent apporter ça, comme le quintet de ce 15 avril à Montélimar, le mot “merci” est encore en-dessous du ressenti.

Ont collaboré à cette chronique :