Nous avons entendu vendredi 11 mai le “Sur Ecoute quartet” au Jazz club de Grenoble et nous avons été étonné par tant de culture musicale (ou autre), tant de talent, de richesse de jeu, d’influence…A concert profus, chronique concise.
Le nom du groupe est la traduction de “The Wire” qui est aussi une série télévisée à succès sur la Nouvelle Orléans; et cent autres références culturelles feront le motif, la nourriture des différentes compositions essentiellement dûes au fondateur du groupe, Grégory Sallet, (groupe, qui fut trio dès 2014 et a bien tourné ). Mais aussi du pianiste Matthieu Roffé qui a étoffé le combo à partir de 2016; et c’est ainsi que les cultures japonaise et hellénistique sont convoquées pour expliquer la source de telle ou telle composition. Ainsi, Musashi (Musashi Myamoto), samouraï du XVIème siècle donne son nom à une composition lente et splendide du pianiste selon le rite de la marche du cadeau à l’empereur. Et Les Gorgones du boulanger, si elles ne nous pétrifient pas d’effroi, nous ravissent. Les Neufs vies du chat suivent une de ces composition nommée Instinct 2, que l’on retrouve sur le CD du groupe: “Muß es sein? Es muß sein”. Les lueurs sélènes, après un introduction très harmonique proposent un thème très hiératique, solennel mais plein de grâce. Quelques autres titres en altitude comme Illumination et expansion nous ravissent. Ce n’est pas seulement de la musique, c’est toute une vie intérieure qui motive et traverset ces thèmes, les improvisations virtuoses du saxophoniste, son phrasé hard voire “free”, les introductions rhapsodiques du pianiste et le jeu de Kevin Luccheti à la batterie. Dans le rapport au son, les plages bruitistes, le concret est abordé . Du sens de l’infime aux considérations les plus amples, c’est tout un univers spirituel qui se donne à entendre dans la musique de ce quartet, soutenue par une basse impeccable de justesse et de précision, de virtuosité aussi, celle de Michel Molines.
Et n’oublions pas : après les pages intenses de musique très contemporaine, à la limite du free jazz ou du “free classique” (Il y a du Messian dans certains passages), le quartet nous a offert des moments de suavité et d’humour, qui sont joués ici dans l’esprit de Duke Ellington (imité avec jubilation au piano), là, en rappel, d’étranges béguines, des drôleries qui, pour déconcerter les oreilles n’en ravissent pas moins l’âme.