Jérôme Regard dont c’est la première année au conservatoire Jules Massenet de Saint-Etienne a eu l’heureuse idée de convoquer ses élèves contrebassistes et bassistes pour une « bass night » intitulée avec humour “Please, Don’t Talk During the Bass Solo !“
Et illustrée par ce dessin :
Je pense qu’il va parler maintenant, patron.
Ouais, tout le monde commence à parler pendant un solo de basse.
Pour bien commencer la soirée nous entendrons un trio de contrebasses avec Super Bass, un morceau de Ray Brown.
Trois contrebasses seules ça le fait ! (Fanny Bouteillier ; Jean Waché ; Clément Douziech)
Marrakech blues de Randy Weston nous permet de découvrir Julien Lasnier qui porte ce morceau de bout en bout avec la complicité de Gilliam Sayad au piano et Tom Drevet à la batterie. L’intro à la contrebasse est zen puis le morceau s’envole avec une belle énergie.
Avec No doubt on change de type de basse et de style. Du funk ! Vincent Pellerin est à la basse électrique et accueille Ludovic Murat au sax alto; le tandem piano & batterie est inchangé et le restera toute la soirée..
On poursuit dans la même veine avec I got you ( Que tout le monde connaît sous ce qui n’est pas son titre I feel good) de James Brown avec Ugo Teyssier à la basse et la magnifique chanteuse Laelia Francius, une découverte, à suivre.
Le jeu se calme avec le duo Fanny Boutellier et Léo Geller qui interprète Fantasy in D de Cedar Walton. Spontanément le public retient son souffle et savoure.
Pour suivre, Noé Desmares nous propose un morceau du pianiste londonien Ashley Henry : Sunrise. Encore un autre style, très « British » et enlevé.
Bill Evans est présent ce soir avec Very Early. Théo Fardele est à la basse (accompagné par Vincent Pellerin à la guitare et Tom Drevet à la batterie). Un moment de calme et de recueillement bienvenu.
Encore un changement de genre avec un morceau de … Bruno Mars qui fait ici son entrée dans nos colonnes : Locked out of heaven avec Mathys Bourin à la basse (douze ans, le benjamin de la bande) accompagné par la chanteuse Laelia Francius, le guitariste Tom Riffard (et la rythmique maison Gilliam Sayad et Tom Drevet). Ça envoie du pâté !
S’installe sur la scène une formation peu commune, un autre trio de contrebasses pour Blue Monk. Fanny Boutellier, David Mohamed et Julien Lasnier sont aux grand-mères. Brillante revisite du thème.
Pour Have you met Miss Jones c’est un duo piano et contrebasse (Arthur Barthélémy & David Mohamed). Le duo est soudé et nous transporte.
Zacharie Vincent s’attaque avec son équipe au tube Master Blaster de Stevie Wonder. Le clavier de Gilliam Sayad est astucieux, Laelia Francius est magique une fois de plus. Tom Riffard fait des étincelles à la guitare.
Encore un changement de format pour un solo avec Jean Waché qui interprète Lonely woman à la contrebasse en solo. Cela commence à l’archet et toute la salle d’un seul coup retient son souffle, éberluée. Le morceau se poursuit « à la main », pizzicato, et nous restons ébaubis. Quelle grâce ! Jean semble habité par ce morceau qu’il nous restitue avec une belle émotion. Le moment fort de la soirée.
Nouveau changement d’atmosphère avec The Cost du New-Yorkais Derrick Hodge avec Henrick Kona à la basse. Très électrique virant sur un rythme jamaïcain.
Le dernier morceau du set roboratif commence comme il se doit par un solo de contrebasse par Clément Douziech sur Don’t forget the Poet de Enrico Pieranunzi. Une ballade élégante comme sait nous le proposer le maestro. Clément est superbe et magnifiquement accompagné par Gilliam Sayad et Tom Drevet deux valeurs sûres du conservatoire Massenet.
On s’attendait pour finir à un tutti… cela aurait sympathique. Non, tous les intervenants grimpent sur scène pour saluer.
Je ne sais pas pour vous mais, personnellement j’ai passé une soirée enthousiasmante. Ce qui n’est qu’un projet de restitution d’une année d’école pourrait tout à fait être reproduit. Une soirée variée, sans temps mort et bien dense.