(38) IsèreJazz Club de Grenoble

18/05/2023 – SO Sextet au Jazz Club de Grenoble

Ah! quel bonheur ces retrouvailles avec nos jeunes années, nos premières amours, la jeunesse éternelle de ces “tubes” des Jazz Messengers. Le public ne ( se) trompe pas. Beaucoup de jeunes dans la salle font ce 18 mai des découvertes émerveillées ou retrouvent des “trucs” qu’ils ont entendus ici ou là : Caravan bien sûr, Moanin‘ de Bobby Timmons, ou encore Whisper not ou  Blues march. Tout le monde a dans l’oreille une certaine émission de Daniel Filippachi à laquelle ce dernier titre a servi d’indicatif. Et si Little man est moins connu, Are you real nous rappelle à tous quelque chose. Cette musique est impeccablement écrite. Elle est parfaite en son genre. Et les musiciens de cette soirée au Jazz club de Grenoble ont eu à cœur d’insérer des chorus d’une grande modernité pour ce jazz traditionnel, rafraîchissant ici la musique voulue part Art Blakey.

Ainsi Vincent Stephan à la trompette et au bugle, Christian Roy au saxophone alto, Fabrice Bon au saxophone ténor  (section de choc) ont repoussé les limites harmoniques de la grille d’improvisation, jouant souvent “out” voire quasi free. La dynamique était soutenue par Sauveur Origlio (le Mystérieux SO, à l’initiative du projet) et Malcolm Potter qui nous a encore montré ses talents de “groove man” dans des introductions soutenues, des ostinatos de fer et quelques improvisations pugnaces. Alfio Origlio au piano a réussi à se ménager quelques espaces de liberté dans ces grilles, pour nous réjouir de ses inventions harmoniques et mélodiques. Un moment d’anthologie: dans Caravan, il se propose de chorusser avec le soutien de la contrebasse seule et c’est un moment d’éblouissement, un chorus infernal de vélocité, de richesse inventive et de rigueur rythmique.

Le public du Jazz club de Grenoble est un public de connaisseurs cultivés. Les têtes chenues savent se réjouir de concerts parfois très funky, voire hip-hop. Les plus jeunes apprécient aussi un jazz plus traditionnel. Le jeudi de l’Ascension, tous s’étaient réservés pour cette soirée qui aurait pu les voir partir loin en week- end. Et bien, ils étaient là ! et ont bissé le SO sextet : ainsi nous aurons eu droit à un shuffle roboratif. A bitter dose.  (version populaire Abittadose)  si vous voulez retrouver Jean Christophe Averty, écoutez la version originale du  Jazz Festival Antibes, France 24/7/1980 (voir ici).

Bref une Ascension qui pour être un peu profane et acidulée, n’en est pas moins bien réelle.

Ont collaboré à cette chronique :