C’est la tradition, pour le dernier concert de la saison, la carte est laissée blanche pour une création du JAV Contreband et de son emblématique directeur musical Pascal Berne.
En première partie, sur le modèle des haïkus japonais, Pascal Berne et ses deux solistes du jour nous disent quelques-unes de leurs émotions au regard des œuvres du légendaire peintre avant-gardiste new yorkais Jean-Michel Basquiat. Compositions originales, courtes évidemment, qui laisseront aux improvisateurs le champ presque libre à leurs ébats en entrechats de chants et contrechants complices. Autour de la vieille contrebasse autrichienne patinée du patron, le saxophoniste ténor Thibaut Fontana se frotte à la légende du trombone Denis Leloup dont nous profitons un peu plus depuis qu’il est venu s’installer de part chez nous. Mise en place précise, nuances, justesses définitives et sonorités délicates au service de compositions « savantes » mais qui n’oublient certes pas les standards totalement revisités : Ornithology ou Stardust…
“We Want Miles”, le projet est posé et affirmé, c’est autour du come-back sur le devant des scènes internationales du génial trompettiste que le projet est avancé. 1980 marque le retour en studio de Miles Davis qui, entouré du fidèle Teo Macero et du jeune Marcus Miller va, une fois encore ouvrir les portes et montrer la voie ; depuis son départ en 1991, le jazz erre un peu, il lui manque son guide…
Le JAV Contreband est une grosse machine, aux pupitres traditionnels d’un big band de jazz, le compositeur/arrangeur a ajouté une section « classique » avec un quatuor à cordes, un hautbois, une flute, une clarinette et un saxophone soprano. C’est en pensant à son orchestre qu’il a sélectionné les titres qu’il allait proposer, il distribuera aux différentes sections la mission d’imager celles que Miles créait avec ses musiciens. Les nuages des synthétiseurs originaux seront tour à tour ceux de la section « classique » ou du trio des saxophones alto ; la rythmique est steady avec le conducteur en maître de cérémonie, gros son de basse et son batteur imperturbable, puis les saxes ou les cuivres sont à leur tour les maîtres des riffs, ceux que pouvaient donner les guitares et diverses basses dans les interprétations originales, la guitare envoie quelques cris un peu fous, hauts perchés.
Les arrangements ne se contentent certes pas d’être des copies fidèles de transcriptions relevées, place à l’arrangeur distingué que nous connaissons. Je n’ai pas souvenir d’autres expériences de relecture de ce Miles Davis là pour un large ensemble, il convient de saluer comme il se doit cette grande première réussite, Thibaut et Denis seront les seuls improvisateurs du programme, ils auront été majestueux d’aisance et d’opportunité.
Après les salutations de rigueur, Pascal Berne annonce que pour l’année prochaine, c’est le guitariste Nguyên Lê qui sera l’invité du big band, à vos agendas…
P.S. en guise de set list, et de mémoire, j’ai reconnu les thèmes de Tutu, Human Nature, Code M.D., Splatch, Amandla, Robot 415, You’re Under Arrest, Speak…