Ce samedi 10 juin l’association blues café live et la ville de L’Isle D’Abeau nous ont servi une très belle neuvième édition du festival Blues Party Live.
C’est sous une belle météo, contrairement aux orages annoncés, que quatre excellents groupes de blues et de soûl ont enflammé la scène, installée pour l’occasion dans le parc du millénium.
Les six cents spectateurs présents ont découvert en première partie THE LITTLE SADIE BAND.
Un quartet : batterie, basse, guitare/chant harmonica dans un style qui mélange le blues et la country.
C’est de haut niveau le public est tout de suite emporté.
Puis c’est au tour des TRAVELLIN BROTHERS de prendre possession de la scène.
Six musiciens de talent qui viennent tout droit de Bilbao.
On est dans un répertoire plus rythmé dans l’esprit rythme and blues avec de fabuleux solos de saxophone et guitare.
Je vous invite à lire ci-après la chronique, faite par Laurent Brun sur ces deux premiers groupes.
En troisième partie on repart dans le blues voire même le rock avec le guitariste Johnny Clark avec la fantastique Dede Priest: Les DEDE PRIEST & JOHNNY CLARK’S OUTLAWS.
Dede est une artiste avec une voix qui nous fait un peu penser à la regrettée Tina Turner.
Elle sait aussi nous emporter avec ses solos de guitare et son talent de violoniste.
Les musiciens qui l’entourent ne sont pas en reste.
On est conquis.
Pour finir cette soirée, C’est un groupe français de soûl music qui fait exploser l’ambiance du parc : THE SUPERSOUL BROTHERS.
C’est plus qu’excellent on est presque dans un show à l’américaine qui nous rappelle les Blues Brothers.
On en aurait pris encore toute la nuit.
Encore une très belle affiche pour cette année on ne peut que féliciter et remercier Cédric Vernet et Francis Rateau pour nous avoir concocté un si bel évènement et on est impatient de revenir l’an prochain.
En attendant vous pouvez continuer de profiter de leur programmation musicale en les retrouvant sur leur Web radio consacré au blues : Blues Café Radio https://bluesactu.com/category/le-blues-cafe-live/
Didier Martinez
Le blues est multiforme. De son origine à aujourd’hui, il a pris les teintes que les sociétés successives dans lesquelles il a évolué lui ont inspirées. Sans perdre ni de sa verve ni de son pouvoir hypnotique. Sans doute une réminiscence de cette période où il symbolisait la vie qui revendique ses droits et où la musique était un porte-voix pour une communauté noire maltraitée et marginalisée. Il lui reste cette force intrinsèque qui emporte et qui touche. Il aurait été dommageable que le festival Blues Party clôt sa courte histoire faute de volonté politique. Qu’est-ce que la politique sinon cette façon que l’homme a de resserrer les liens dans la cité grâce à la défense d’une culture partagée qui prend soin avant tout des minorités les plus fragilisées.
Les festivaliers ont la banane à l’écoute du trio de Mathis Haug, the little sadie band. L’artiste est éminemment sympathique et colporte un blues chaleureux et singulier. Une dégaine « à la cowboy » pour une musique qui frise le country blues et le folk. Il est accompagné par de talentueux musiciens, (polyvalence et élégance du guitariste bassiste Benoît Nogaret, grande souplesse et efficacité du batteur Simon Boyer) et augmenté par la présence de Barefoot Iano, l’harmoniciste australien au pied nu. Les deux artistes d’ailleurs ont un répertoire proche, que je qualifierai de percutant et d’enjoué. Pas étonnant qu’ils se retrouvent à bœuffer ensemble. Ils jouent avec leurs tripes. Ça se voit, ça s’entend. Le groupe enchaine les titres de Mathis Haug comme des tubes ou des classiques. Des shuffles, des ballades, avec niaque et grande implication. Pas la peine de forcer le trait chez ces artistes, leur présence est pleine et entière et leur matière artistique les porte. Mathis Haug donne d’ailleurs une belle définition de ce que peut être l’authenticité chez un artiste, il se qualifie d’amateur, dans toute la beauté du mot, en assumant toutes les imperfections. Ce n’est pas tant le produit fini qui les intéresse que tout ce qui se passe entre eux, dans les marges, aux frontières de l’inconnu de la rencontre. Les solis ne sont que prétexte au dialogue, dans des chants et contrechants qui se mélangent, se cherchent et s’harmonisent. Leurs voix s’emmêlent. Leur musique est communicative. Ils ont quelque chose à défendre, à nous raconter. Un set trop court pour ce quartet plein d’énergie. On en redemande.
Avec Travellin’brothers, le groupe basque venu d’Espagne, on entre dans une autre dimension. L’ingé son a monté tous les potards, le groupe ronfle dès les premiers instants et envoie une musique melting pot à la blues brothers. De la soul, du blues, des standards à la mode californienne. C’est efficace, ça remue, c’est énergique, c’est bien léché, trop bien léché. Le groupe n’a qu’une idée en tête, faire monter la sauce. Il en a les moyens, ce sont tous d’excellents musiciens. Le sax ténor à ce jeu là est imbattable, par ce son rauque tiré tout droit des meilleurs groupes de rock’n’roll. Le guitariste tire grandement son épingle du jeu. Le chanteur assure grave. Tous ont le swing qui va bien. Que dire de plus ? Le contraire du groupe précédent (c’est ça, quand on écoute les uns et les autres, on finit par écouter les uns en fonction des autres). Des showmen certes, qui cherchent assurément à faire plaisir à leur public, qui leur rend bien. Manque ce petit grain de folie qui vient de l’improvisation et du non calculé. Pas facile peut être quand on se connait si bien, le groupe aux mille concerts.
Laurent Brun