(38) IsèreJazz à Vienne

28/06/2023 – Dee Dee Bridgewater & The Amazing Keystone Big Band “We love Ella” à Jazz à Vienne

Nous voilà au quatrième et dernier concert de cette soirée d’ouverture de la quarante deuxième édition de Jazz à Vienne. La soirée a commencé il y a près de trois heures. Un léger décalage horaire sur le programme, une demi-heure de retard sur le timing prévu, mais la chaleur estivale est toujours là et le public fidèle au rendez-vous. On peut saluer l’organisation, car préparer quatre changements de plateaux dont deux avec Big Band, le challenge est élevé. La sonorisation est parfaite tout au long de cette soirée avec des palettes sonores riches et variées dans chaque concert.

Ce deuxième grand ensemble est celui du Amazing Keystone Big band. Le pianiste Fred Nardin nous confiera avec plaisir que le premier grand concert du groupe a eu lieu ici même sur la scène de Vienne en 2011 (voir ici). C’est avec le standard Stompin’ at the Savoy d’Edgar Sampson que notre Big band local ouvre le bal ! Les cuivres sont alignés par type d’instruments pour envoyer une puissance calme et maîtrisée sur un solo de saxophone alto.

Pour cette soirée “We love Ella”, en hommage à la grande chanteuse c’est Dee Dee Bridgewater qui entre en scène ovationnée par le public connaisseur de Vienne. Il accueille une vieille amie qui n’est pas venue depuis longtemps et on a l’impression que tout le monde est heureux de se retrouver en famille à la maison ! Elle précise également qu’elle partage cet hommage à la grande chanteuse avec le Amazing Keystone Big band et qu’ils avaient déjà respectivement rendu hommage à Ella Fitzgerald. Elle avec son CD Dear Ella et eux avec leurs enregistrements “We Love Ella” et “La voix d’Ella”.

Dee Dee Bridgewater commence avec le standard Oh, Lady Be Good! de George et Ira Gershwin avec le timbre de voix caractéristique qu’on lui connait. Les cuivres portent sa voix sur les chorus et glissent sur le thème. La chanteuse imite le son du trombone dans son chant avant qu’un tromboniste vienne la rejoindre pour un solo sur lequel ils dialoguent avec virtuosité et humour.

Comme pour marquer son affection à la période où Dee Dee Bridgewater a vécu en France, elle évoque la création du spectacle Carmen à Jazz à Vienne en entonnant quelques phrases du célèbre opéra. A l’occasion de ce souvenir, la chanteuse nous fait part de son plaisir d’être à Vienne et remercie Jean-Paul Bouteiller et Jean-Pierre Vignola de l’avoir si souvent programmée ici. Elle poursuit naturellement avec Mr Paganini également appelé (If You Can’t Sing It) You’ll Have to Swing It de Sam Coslow et ici sur des arrangements de Slide Hampton. La voix est précise et joyeuse, elle chante, elle scatte et poursuit les imitations d’instruments… Dee Dee Bridgewater s’amuse.

 

A l’hommage continu à Ella Fitzgerald s’ajoute Louis Armstrong sur Basin Street Blues de Spencer Williams que les deux grands interprètes ont joué ensemble. Cette fois c’est la trompette que la chanteuse imite sur un jeu de piano stride qui donne l’esprit Nouvelle-Orléans pour rendre hommage à celui qui a réalisé le premier enregistrement de ce titre et l’a si souvent arrangé. Les hommages s’enchaînent avec Sometimes I’m Happy (Sometimes I’m Blue) de Vincent Youmans, cette fois sur un air de piano ragtime. On perçoit la joie de chanter de Dee Dee Bridgewater. Puis vient Cotton Tail de Duke Ellington que la grande Ella Fitzgerald a souvent chanté avec lui.

La chanteuse américaine francophile et francophone nous a fait un immense plaisir en convoquant les illustres jazzmen de la période de la grande Ella. Et elle s’est manifestement fait plaisir aussi. Ce plaisir était partagé par le fabuleux Amazing Keystone Big Band qui l’a mise en valeur. Elle a rendu cette mise en valeur en soulignant les différents talents des solistes du groupe. En plus des solos et introductions du pianiste, on apprécie les interventions de Patrick Maradan à la contrebasse, Félicien Bouchot et David Enhco à la trompette, Thibaut François à la guitare, Jon Boutellier au sax ténor et Bastien Ballaz au trombone et bien d’autres… tout au long du set. Les chants, les scats et les imitations en duo avec les instruments ont virevolté dans un tourbillon de plaisir partagé. Sans oublier son humour et une pointe d’ironie qu’elle a distillée tout au long du set avec gourmandise et qui nous ont ravi.

Avec ce concert, c’est une grande amie que nous retrouvons à Vienne qui nous offre en partage un hommage à Ella. Ses jeunes accompagnateurs, des enfants de Jazz à Vienne, ont magnifiquement porté sa voix dans un écrin de notes. La fête a belle et bien commencée.

 

Line-up :

Dee Dee Bridgewater: voix ; Bastien Ballaz, Fred Nardin, Jon Boutellier, David Enhco: direction artistique ; Kenny Jeanney, Pierre Desassis, Jon Boutellier, Eric Prost, Ghyslain Regard: saxophones ; Vincent Labarre, Thierry Seneau, Félicien Bouchot, David Enhco: trompettes ; Loïc Bachevillier, Bastien Ballaz, Aloïs Benoit, Sylvain Thomas: trombones ; Thibaut François: guitare ; Fred Nardin: piano ; Patrick Maradan: contrebasse ; Romain Sarron: batterie

Ont collaboré à cette chronique :