Si la pluie avait marqué une accalmie pendant le changement de plateau laissant espérer de bonnes conditions pour le set attendu de Jacob Collier, il n’en fut rien… !
En quelques années, le jeune prodige soutenu dès ses débuts par Quincy Jones, a maintenant acquis une véritable stature internationale avec la complicité de YouTube, de tournées mondiales et de plusieurs Grammy Awards. S’il était venu en solo lors de sa première visite à Jazz à Vienne en 2016 (voir ici), il est maintenant accompagné d’un solide backing band de cinq musicien(ne)s avec Emily Elbert (guitare et voix), Bryn Bliska (clavier et voix), Alita Moses (percussions et voix), Robin Mullarkey (basse) et Christian Euman (batterie). Vêtu d’une tunique blanche, d’un pantalon rose et de chaussures vertes, Jacob Collier fait une entrée en scène très alerte sollicitant d’emblée le public pour l’amener dans un chant choral placé sous sa direction, en entraînant progressivement les différentes parties du Théâtre Antique. Et à Vienne, comme partout dans le monde, ça marche à merveille au point que c’est devenu la marque de fabrique Jacob Collier. Un peu comme si Bobby McFerrin et Jamie Cullum avaient unis leur force et leur savoir-faire pour faire chanter Vienne ! Et quelle chorale spontanée, c’était magnifique !
Alternant piano, claviers, percussions, guitares, basse et chants, le multi-instrumentiste Jacob Collier se met en route pour une succession de morceaux assez courts qui laissent aussi de la place aux parties instrumentales et vocales de ses trois accompagnatrices, chacune dans son propre registre et où se détache particulièrement la voix haut perchée d’ Alita Moses. Sur Hideway, une balade tirée de son album In My room, il s’accompagne délicatement d’une guitare acoustique en faisant également rentrer le public dans son chant. Nouveau passage par le piano et les percussions avant de solliciter encore le public pour lui faire oublier que l’orage rode toujours.
Retour à la guitare acoustique pour le très folk The sun is in your eyes une balade toujours présente dans les concerts de Jacob Collier, suivi du non moins classique Can’t help falling in love où il produit des couleurs « churchy » à ses claviers. Passage chaudement funk où il se donne des airs de Prince à la basse cinq cordes suivi de son quasi tube All I need que le public est invité à chanter. Petit intermède original où, seul au piano, il sollicite le public viennois pour entonner une traditionnelle Marseillaise.
Alors que la pluie persiste et dégarnit progressivement les gradins, tandis que dans la fosse on reste motivé et on se serre des coudes, Jacob Collier revient à son rôle de chef de chorale en faisant chanter longuement le théâtre en passant par toutes les modulations possibles…L’effet est saisissant et réchauffe autant les cœurs que les esprits. C’est pour ces moments là que le public reste religieusement attaché à Jazz à Vienne surtout quand, comme ici ce soir, il est sous la direction d’un prodige musical de vingt huit ans nommé Jacob Collier, qui a encore de nombreuses années devant lui pour nous surprendre. Sans pluie cette fois… !