Incognito sort (enfin) de l’anonymat !

 

Ça y est, nous avons basculé vers le 14 juillet, le défilé des musiques cousines du jazz se poursuit sur la scène de notre traditionnelle All Night Jazz. Les incurieux et autres couche-tôt ont lâchement déserté les gradins du théâtre antique. Tant pis pour eux, ils ne (re)découvriront pas les Britanniques d’Incognito qui viennent pour la première fois à Vienne (la seule formation au nom latin à être programmée cette année face aux pierres gallo-romaines !). Ils n’entendront pas leur leader et co-fondateur Jean-Paul* Maunick, alias Bluey  qui, en fin observateur, entre en scène en nous disant : « Vous êtes vraiment super beaux ! » Ils rateront plus d’une heure de groove chatoyant et chaleureux propre à nous tenir éveillés sans avoir recours à notre dose de caféine… Promis juré, un seul cola bio en début de soirée, un jus de pomme-framboise et de l’eau citronnée m’ont suffi !

Depuis juin 2011 et leur passage remarqué à Fort en Jazz (le défunt festival franchevillois), j’étais sans nouvelles de ces précurseurs de l’acid-jazz. Une vingtaine d’albums au compteur entre 1981 et 2019, excusez du peu ! Une soixantaine de musiciens se sont produits sous l’étiquette  Incognito… Cette nuit, ils sont une douzaine répartis sur deux lignes. Sur l’estrade, trônent Paul Booth,  saxophoniste-flûtiste, Sid Gauld, trompettiste, Alistair White, tromboniste, João Caetano, percussionniste, Francesco Mendolia, batteur et Francis Hylton, bassiste. Charlie Allen et « Bluey », guitaristes, Cherri V et Natalie Duncan, chanteuses et Tony Momrelle, chanteur,  Chicco Allotta, claviériste se partagent le bord de scène.

Chacune et chacun aura son solo, sa salve d’applaudissements tout au long de ce set d’une heure et quart d’une belle cohérence, sans temps mort. L’ambiance ne retombe jamais quels que soient les tempos. Pour les fans comme pour les néophytes, c’est un moment propice à la danse et au partage. La fosse et une partie des gradins sont restées debout, ont chanté, tapé dans les mains, « jumpé » quand d’autres s’étaient déjà réfugiés sous la couette… Piochée dans leur pléthorique discographie, la setlist puise aussi As chez Stevie Wonder. Après le rappel, la sono nous envoie même le One Love de Bob Marley pour résumer en quelque sorte cette indéniable communion entre artistes et public : «Full of life, full of love… We are one nation under the groove ! »

Le premier album d’Incognito s’intitulait Jazz Funk. La formule n’a pas pris une ride ! Gageons que les connaisseurs ont retrouvé ce qu’ils attendaient et que les curieux et les couche-tard se sont laissé séduire… En tout cas, malgré l’heure avancée, ceux qui sont restés avaient les yeux et les oreilles grands ouverts pour apprécier cet Incognito qui gagnerait à être encore plus (re)connu des amateurs…

« Merci Benjamin » affichaient une banderole et quelques t-shirts. Ne serait-ce que pour cette première venue d’Incognito face aux plus prestigieux gradins du jazz, effectivement, un grand MERCI à Benjamin Tanguy pour cette ultime programmation viennoise !

*Il y a des signes qui ne trompent pas !!!

Ont collaboré à cette chronique :