(73) SavoieBatÔjazz

11/08/2023 – Gaël Fromantin / Zamakan Trio / Les Doigts de l’Homme au Château de Mécoras pour BatÔjazz

 

Vendredi 11 août, dans le magnifique Château de Mécoras à Ruffieux, s’est jouée la soirée d’ouverture de la neuvième édition de BatÔJazz. Avec pas moins de trois spectacles dans le spectacle.

 

En effet, Gaël Fromantin, guitariste autodidacte, délicat, rêveur sensible, a proposé quelques titres de son premier album “Dialogue entre deux mondes”. Confidence oblige, ces deux mondes sont celui de l’intériorité pure, de l’intimité spirituelle, et sa potentielle évocation extérieure, dans le jeu de la guitare et des mains. Gaël ne présuppose pas que ce dialogue va de soi, mais qu’il est essentiel de l’écouter afin de le faire entendre. Musique refuge donc, émotions, rêveries, à travers des titres comme “Obsession (un peu bossa, avec ses harmonies splendides ou A l’ombre des rivières avec ses arpèges fluents, ses “pickings”. Ou encore cette Promenade avec Juliette dédiée à sa fille; ou encore Funny Jérémie avec ses envolées “blue grass” et ses basses rock. Gaël sait tout faire, il a étudié assez systématiquement tous les styles de guitare. C’est un homme exigeant et sa musique est attachante. 

 


Zamakan est un trio plus qu’original d’abord par son instrumentation, puisque nous y trouvons – avec Abdallah Abozekry, un saaz (un cousin de l’oud, avec un manche plus long et des cordes métalliques),  un violon – Baiju Bhatt et une guitare enfiévrée par les bons soins de Baptiste Frerandis. Les trois musiciens sont talentueux, virtuoses, inspirés. Le trio est original ensuite, par ses compositions cosmopolites, étrangement verlainiennes (“En toutes choses, choisis l’impair…”) jouant sur les modes orientaux, les structures rythmiques de vertige, les harmonies colorées et audacieuses. Nous avons entendu El topo – battue par une  rythmique folle à la guitare; Can’t stop avec son ostinato de sazz et de violon dans le grave,  du 5/4 ,dont le pont oscille entre un rythme tango et un chorus greco-oriental ; Bluesrast avec un bourdon très oriental encore à la guitare et au violon ; Nasrudin Hodja, une composition de Baptiste autour de ce truculent personnage de légende (Do, si, si, la, sol…) le chorus de guitare semble parfois celui d’une mandoline ; Here and now, composition d Abdallah; et encore Douni et ses pizzicatis de violons… Toutes les fins de thème sont brillantes, tous les thèmes sont pareillement joués avec beaucoup de complicité entre les musiciens. Quel assemblage de couleurs, de sonorités expressives, peint dans un luxe de raffinement rythmique très dynamique. L’album du trio Zamakan, Dans le ventre de la nuit est à sortir en octobre.

 


Enfin -last but not least- le fameux quintet “Les doigts de l’Homme”, fondé il y a tout juste vingt ans, avec ses guitaristes inspirés: Olivier Kikteff, Yannick Alcocer et Benoît Convert, son contrebassiste de légende Tanguy Blum et son percussionniste impeccable: Nazim Aliouche. Après un Saint James infirmary d’une grande beauté (arrangements du thème pour trois voix parfois), ce soir sur scène, tout le répertoire de ces vingt dernières années se promène de la Bretagne à l’Ardèche (du Nord!) où les Doigts de l’Homme on égrené leur plus de sept cents concerts et quelques festivals de renom, sept albums et un huitième -double- en préparation et qui devrait sortir cet automne. Waouh la vélocité! La musicalité des phrases, les modulations incessantes (des Coltrane changes, dans le “Manouche”, il fallait oser!) Un sentiment de merveilleux dans  ce jeu fin, précisément rythmé, véloce parfois jusqu’à la frénésie, mais toujours maîtrisé. Une lancinante rythmique. Du bonheur!

Dans une semaine,  BatÔJazz rejoue sa partie au château. Consultez le site sur le net : batojazz.com et régalez vous  de l’affiche de Bruno Théry.

 

Merci à Matthieu de BatÔjazz pour les photos

Ont collaboré à cette chronique :